DISCOURS PRONONCÉ PAR L'HONORABLE M. EDWARD BLAKE, M. P dans la Chambre des Communes du Canada, Au sujet de la proposition demandant la deuxième lecture du Bill constituant en corps légal Tordre des Orangistes. 17 MARS 1884. M. BLAKE NE PARLE QU'EN SON NOM. RAISONS POUR LES QUELLES IL PARLE MAINTENANT. Monsieur l'OKATEUR. Au sujet de cette question, les partis sont divisés. Il est bien connu qu'il y a division dans les rangs des honorables messieurs de la droite ; et il est bien connu que le parti libéral ne pense, ni ne parle, ni n'agit à l'unisson quand il s'agit de cette question. Ce soir je ne parle pas, je ne mo propose pas de parler, de quelque façon que ce soit, et quelque sens qu'on attrf- bue à mes paroles, en ma qualité de chef actuel du parti libéral ; mais je veux parler comme particulier et en ma qualité de membre du Parlement. Je ne parle pour nul autre que moi. Bien que j'aie gardé le silence lorsque j'ai donné non vote au moment où cette question nous a été soumise pour la dernière fois; bien que, vu ce qui s'est passé depuis, j'aurais dû garder encore ie silence en votant de nouveau, je me crois obligé d'exposer en cette circonstance les senti- ments que j'entretiens au sujet dû bill soumis à la chambre. On a mal inter- préter, durant la vacance, on a sérieusement mal compris la conduite que j'ai tenue et l'attitude qu'ont prise ceux des membres du parti libéral qui ont voté contre ce projet de législation ; et en vérité on a imaginé des motifs de partisannerie qui n'existaient réellement pas. Les promoteurs de cette législation ont adopté an plan de conduite politique que je me propose de développer avant de reprendre mon siège et qui, je crois, fournit de lui-même d'amples moyens de justifier ma détermination de me départir de l'intention que j'avais de voter de nouveau sans mot dire, si je n'avais pas eu de raison de faire autrement, Mais je ne me dissimule pas qu'indépen- aament de ces circonstances, il y a aujourd'hui en jeu d'importantes questions; et c'est mon opinion qu'un examen de ces questions fait avec modération produira plus de bien que de mal. Les honorables messieurs de la droite qui ont donné leur appui au bill, et ceux de la droite aussi qui s'y sont opposés, sont, pour une forte partie d'entre eux, désireux d'éviter toute discussion: mais il vaut autant que nous comprenions exactement la position dans laquelle nous nous trouvons. Il est bon de con- naître les raisons sur lesquelles nous nous appuyons pour agir d'une manière ou pour agir d'une autre. Il est bon que les objections et les difficultés que quel- ques uns d'entre nous éprouvent soient exposées, afin qu'on y puisse répondre et qu'on les fasse disparaître, si la chose est possible. D'où il suit qu'il est nécessaire pour moi, et peut-être pour d'autres qui peuvent avoir voté pour les raisons que je vais énoncer, — lesquelles ont justifié le vote que j'ai donné et que je vais répéter, — de faire connaître ces raisons, vu la nature des attaques qui ont été dirigées contre ceux qui, à la dernière session, ont voté contre ce bill. La première fausse représentation dont je désire parler est celle qui a été faite je crois, par l'honnorable député de Leeds sud (M. Taylor) à une réunion d'Orangistes qui a eu lieu à Brockville, dans laquelle il a dit : " La responsabilité de la défaite repose d'abord sur les réformistes, qui, tout en se disant réfor- mistes protestants, ont décidé, dans une réunion spéciale, de voter contre le projet." L'honnorable député de Leeds sud ne pouvait pas savoir si cela était vrai ; et il arrive que la chose est tout-à-fait inexacte. Il n'y a pas eu de réunion intime du parti libéral où il ait été parlé de cette question ; il n'y a eu ni assemblée, ni réunion, régulière ou irrégulière, où l'on ait touché à cette question ; et les membres du parti n'ont pris ni disposition ni arrangement au sujet la façon dont ils devaient voter. 11 n'y a eu absolument rien de concerté. Au conti-aire, aux quelques messieurs qui m'ont approché pour me parler de cette affaire, j'ai dit que c'était, d'après moi, une question au sujet de laquelle chacun pouvait prendre la décision qu'il jugeait à propos d'adopter ; que je ne pouvais concevoir que ce fût une question de parti soit pour un côté de la chambre, soit pour l'autre, et que je ne comprenais pas qu'il fût nécessaire d'en faire une question de parti pour notre côté. J'ai combattu l'idée d en faire une question de parti. C'est là le conseil que j'ai donné et qui a été suivi, autant que je sache. Et jusqu'au moment du vote, je ne connaissais rien dos sentiments de ceux avec qui je suis généralement d'accord, à l'exception de ceux de, peut être, six ou huit messieurs tout au plus qui peuvent m'en avoir parlé. Cependant, monsieur l'Orateur, nous voyons des gens haut placés dans la confiance de l'ordre orangiste et des membres de ce Parlement qui déclarent qu'il y a eu une réunion intime des protestants libéraux qui ont décidé de voter contre le projet. J'ai à me plaindre de ce procédé. Je crois avoir raison de me plaindre de ce que de tels énoncés ont été faits dans le but d'indisposer contre nous des gens ayant la même foi religieuse que moi. M. WOOD (Brockville). Je dois dire pour l'instruction de l'honorable mon- sieur, qu'il se trompe complètement. L'honorable député de Leeds Sud. qui siège à côté de moi, n'a jamais parlé à une réunion d'Orangistes dans la ville de Brockville. M. BLAKE. J'ai emprunté la citation que j'ai faite à la Sentinel que je crois être l'organe de l'association orangiste et qui parle de M. Taylor, député de Leeds Sud, comme ayant fait ce discours à Brockville, je pense. Il se peut que ce n'ait pas été à Brockville, mais c'était dans le voisinage. Il s'agit de savoir si le discours a été fait. M. TAYLOE. Je n'ai fait un pareil discours, ni à Brockville ni autre part, et je ne suis pas responsable des rapports des journaux. M. BLAKE. J'ai lu un extrait de l'organe de l'honorable monsieur ; et les autres citations que je me propose de faire, je vais les prendre à la même source : et j'espère qu'elles seront plus digne de foi que celle-ci paraît être M. FEEG-USON". Mettez les avec celles du Globe. LE BILL EST INCONSTITUTIONNEL. M. BLAKE. Je vais exposer franchement mes propres sentiments à ce pujet. Je puis dire qu'ils ne plairont aux extrémistes ni de l'un ni de l'autre côté ; mais je pense que les hommes modérés les regarderont comme acceptables. D'abord l'honorable député de Cardwell (M. White) allègue que ce bill est semblable, pour les points constitutionnels, aux autres bills dont nous avons eu à nous occuper. Je pense qu'au point de vue constitutionnel, il y a une distinc- tion très accusée à faire entre ce bill et les autres, et j'en ai di,t un mot cette après midi même. J'ai fait remarquer que je n'adoptais pas, moi-même tout le raisonnement, ou la conclusion de tout le raisonnement invoqué dans la cause soumise au Conseil Privé et dont il a été question cette après-midi ; mais il paraissait découler de cette décision qu'il existait un doute ou une difficulté au sujet des pouvoirs fédéral et locaux pour certains cas ou il y avait eu des corps politiques de créés par la législature de l'ancienne province du Canada, qui demandaient des amendements. Je ne croyais pas que la véritable solution fût celle à laquelle on était arrivé ; mais il y avait une difficulté. Jusqu'où sommes nous allés, monsieur l'Orateur? Jusqu'où, quant à moi, ai-je consenti à aller ? Jusqu'à ce point, que — depuis que cette décision a été rendue — chaque fois qu'une législature provinciale a essayé de se rendre aux désirs de ceux qui demandaient à être constitués en corps politiques dans chacune des deux provinces ou des autres, sur des questions qui affectaient la propriété et les droits civils, j'ai dit que je croyais qu'il n'était pas déraisonnable, vu ce doute et cette difficulté, do nous servi i des pouvoirs dont nous pouvions être nantis — pouvoirs dont le caractère n'est pas, selon moi, complètement déterminé — pour nous rendre aux désirs des législatures locales et pour confirmer, en effet, leur législation. C'est la règle que j'ai imposée à ma conduite lors qu'il s'agit de cas semblables. Je ne me propose pas d'approuver les bills, quels qu'ils soient, basés sur d'autres principes. Croyant que le premier des deux bills qui ont été soumis cette après midi, n'était pas tout à fait conforme à ce principe, j'ai dit que je m'y opposais. Le second bill m'a paru tout à fait d'accord avee ce principe ; et c'est pour cela que, me tenant à mon point de vue, — bien que je fusse sympathique, comme l'a observé l'honorable député de Québec, aux sentiments généraux qu'il a exprimés quant à nos pouvoirs — j'ai cru qu'il ne serait pas déraisonnable que, sans inter- venir dans les affaires des législatures locales, nous prissions des mesures pour suppléer à la législation provinciale ou pour la compléter. M. WHITE. (Cardwell) Il n'y a pas de législation d'un caractère local dan3 le bill des Méthodistes. Nous l'avons passé. M. BLAKE. Je comprends que dans le cas du bill des Méthodistes, il a été dit dans la requête que la législation était à se préparer et qu'elle serait accordée dans les deux législatures locales. M. WHITE. Oui, on va demander la chose. M. BLAKE. On l'a demandée, et les bills sont à subir l'épreuve parlementaire. Maintenant, pour ce qui est du projet spécial soumis à la Chambre, on ne peut au- cunement douter qu'en général la question de la constitution en corps politique de cette société —pour les raisons invoquées par ceux qui demandent cet acte constitu- tif, lequel, disent-ils, n'est demandé que pour qu'ils aient une existence corporative qui leur permette de posséder des biens fonds en propriété — est une question de droits civil et de propriété. Il est donc parfaitement clair que ceci tombe sous le contrôle et sous le contrôle exclusif des législatures provinciales. Le rapport du ministre de la justice (sir John A. Macdonald) au sujet du bill demandant la constitution en corps politique de l'ordre des Orangistes, eu 1873, passé à la législature d'Ontario, lequel a été réservé, se lit comme suit. • " Si les actes étaient adoptés de nouveau, le lieutenant gouverneur devrait se considérer comme tenu de s'en occuper immédiatement, et non demander à Votre Excellence d'intervenir dans des affaires d'intérêt local et qui relèvent seulement et entièrement de la juridiotion et de la compé- tence de la législature de la province. " C'était là un rapport très juste. Il est vrai qu'il était question d'une consti tution corporative accordée par une législature provinciale ; mais il était tout à fait juste de dire dans le rapport, que cette constitution en corps politique que l'on proposait, non seulement était de la compétence de la province, mais qu'elle était de cette compétence uniquement et exclusivement. Il y a eu, comme nous le savons, des actes passés dans plusieurs législatures et qui constituaient en corps politique l'ordre orangiste. L'ordre a obtenu l'existence légale au Manitoba, dans la Nouvelle-Ecosse et au Nouveau-Brunswick — dans trois des provinces au moins. Et nous savons de plus que ce n'est pas parceque ces actes constitutifs manquent le but poursuivi, que l'on s'adresse à ce Parlement. Les requérants ne viennent pas ici pour avoir plus de pouvoir dans la Nouvelle- Ecosse, dans le Manitoba ou dans le Nouveau-Brunswick ; pas du tout. L'acte constitutif qu'ils ont maintenant suffit à tons leurs besoins; Feulement ils ne peuvent pas se faire constituer légalement dans un assez grand nombre de provinces. C'est là le point. Ce cas diffère totalement de la catégorie de ceux à propos desquels je voudrais que la législation fédérale intervint pour faire disparaître tous les doutes qui surgissent de la décision dont j'ai parlé ; ce n'est pas pour suppléer à cette législation, mais c'est parceque cette législation ne peut s'obtenir dans quelques provinces, que ces personnes viennent ici. Ce n'est ni pour confirmer ni pour compléter la législation d'aucune province au sujet de laquelle auraient surgi des difficultés sous l'opération du système compliqué que nous avons ; mais c'est pour contraindre les provinces à accepter une législation qu'elles ne voudraient pas adopter autrement. Je veux, à mesure que je les énonce, contenancer les propositions que j'émets, et je vais le faire en citant des extraits. Je trouve que le grand secrétaire de l'ordre (M. Keyes) a dit ceci : " Des bills ont été passés par cinq des législatures locales donnant l'existence légale à notre association ; mais, sans qu'il y ait eu de notre faute, dans trois des provinces, dans l'Ontario, le Manitoba et l'Ile du Prince Edward, les bills ne sont jamais devenus lois. Dans ces circonstances et afin de régler la question, nous en avous appelé au Parlement du Canada pour obtenir la pas- sation d'un acte général de constitution corporative pour notre société dans îe Dominion." On voit qu'il ne s'agit pas là de compléter, de bonifier et de perfectionner la législation locale, mais, comme on ne peut l'obtenir de la législation locale, on vient ici pour avoir ce qu'on ne peut se procurer dans les quartiers qu'il convient. M. BOWELL. Avez- vous la date de ce rapport ? M. BLAKE. Non, mais je me rappelle l'époque, c'est un peu avant que la dernière demande fût faite au Parlement. Depuis ce temps, l'acte du Manitoba a été passé. On a craint, dans le temps, le désavœu du premier acte du Manitoba ; je crois que le gouvernement d'alors l'a désavoué. Puis j'ai le rapport du secré- taire d'une loge de comté daté pas plus tard que février 1883. Il dit: " Nous ne devons froisser aucun sentiment politique en cette affaire, vu qu'il est très impor- tant pour notre institution qu'un acte fédéral lui donne l'existence légale. " Sans un pareil acte, nos nobles frères de la province de Québec s'en trouveront privés, car, vous le savez tous, il ne leur sert de rien de demander de se taire constituer légalement à leur législature provinciale où les Protestants sont en minorité." Yous voyez encore une fois, monsieur l'Orateur, que c'est parce qu'ils ne peu-, vent se faire constituer légalement dans une province particulière ou dans des provinces particulières, qu'ils viennent ici, et non parca qu'il y a quelque difficulté ou quelque défectuosité dans le pouvoir donné par la législation pro- vinciale et auxquelles ils veulent obvier. Ce n'est pas là le sentiment entretenu par ceux la seuls qui s'opposent à cette mesure ; il a été émis par des Orangistes de hauts rangs. Les esprits dirigeants de l'ordre ont prétendu jusqu'à une date relativement récente, que la mesure n'aurait pas dû être amenée ici ; que c'était une affaire d'intérêt provincial et qu'on la devrait débattre ailleurs. L'honora- ble député de Hastings-E^jfc (M. White) qui a présenté le bill à la dernière session, qui a occupé une très haute position dans l'ordre et qui en occupe encore une très élevée, parlant à Winnipeg, après que le bill do la dernière session eut été rejeté, dit que : " Lui avec le frère Marshall et d'autres membres de l'ordre avaient demandé que le bill de cons- titution corporative ne fût pas envoyé à la Chambre des Communes, attendu qu'il croyait qu'il devait être discuté dans la législature d'Ontario ; et s'il y était repoussé, qu'il faudrait atteudre jusqu'à ce que leurs amis fussent arrivés au pouvoir ; mai» malgré tout ce qu'il a pu dire, il avait été forcé de soumettre le bill à la chambre." Puis après la session du Parlement, l'honorable monsieur a dit dans un discours à Brockville. '•A la session du Parlement il s'est trouvé à avoir besoin de secours plus que jamais aupara- vant dans sa vie. " Plusieurs de ses amis étaient opposés à ce que le bill subit une deuxième lecture, ils étaient divisés pour le résultat ; et de cette iaçon il s'est trouvé assailli de tous les côtés." 11 Des conservateurs éminents lui ont conseillé de retirer le bill." Une fois encore, à Hamilton, il a dit : " Il était prêt à admettre que les Orangistes eux-mêmes n'étaient pas aussi unis qu'ils auraient pu l'être pour insister sur l'adoption du bill. Ils n'ont pas agi avec autant d'unanimité qu'ils auraient dû le faire ; et il était inutile de nier le fait qu'une certaine partie de leur propre orga- nisation ne voulait pas que le bill subit sa deuxième lecture." M. MARSHALL, un monsieur qui occupe une haute position dans Tordre parlant à Winnipeg, dit que : " Il avait été opposé à l'idée de faire présenter dans la chambre des communes le bill deman- dant la constitution corporative. La bataille avait commencé dans l'Ontario, et c'est là qu'il fallait livrer le combat." Ce sont là les déclarations qui toutes ont été faites depuis que le bill a été rejeté, à la dernière session, et elles semblent indiquer que même chez les principaux membres de l'ordre, on manifestait des sentiments contraires à l'idée de présenter ce bill ici et favorables à l'opinion que j'ai émise dans cette chambre, que, c'est en substance et essentiellement une tentative de faire usage des pouvoirs de ce Parlement sous prétexte qu'M fallait absolument se faire constituer en corps légal par le Dominion, lorsqu'en réalité, tout ee qu'il fallait, c'était la constitution corporative accordée par une législation provinciale. C est parce qu'on ne peut induire les provinces à accorder cet acte d'institution corporative; ou, dans tous les cas, c'est pareequ'il en est ainsi pour quelques unes d'elles, qu'on se propose de faire servir le pouvoir qu'on attribue au Dominion d'imposer cette législation à ces localités qui s'y opposent. Comme il appert au bill même, et par ce que nous savons de la constitution de l'ordre même, c'est une organisation divisée ayant des loges provinciales, des loges de comtés, de districts et des loges particulières ; et l'on doit donner aux associations locales le droit d'avoir des propriétés. Je ne me propose pas d'entrer dans l'examen des questions de détail dont a parlé l'honorable député de Huron (M. Cameron), portées à ma connaissance par le discours de l'honorable député de Cardwell (M. White) et qui sont des questions traitant de choses auxquelles il peut être remédié dans le comité des bills d'intérêt particulier. Bien que ces observations fussent très pertinentes et faites à propos, attendu qu'elles appuient sur le caractère essentiellement local de la mesure, qui n'a rapport qu'au droit civil et au droit de propriété, cependant elles ne sont point fatales au bill dan.s la phase à laquelle il se trouve. La question soulevée à propos de l'acte concernant la mainmorte fait voir quelle sorte de bill c'est ; 6 mais cela même n'est pas fatal à la deuxième lecture, car, comme l'a observé propos l'honorable député de Cardwell, cette disposition pourrait être biffée dan le comité des bills d'intérêt particulier, mais je soutiens que l'essence même d ce bill, telle qu'exposée par les promoteurs, rébide dans le droit d'avoir desl propriétés immobilières. Je soutiens que ce droit, s'il existe, est un droit provincial ; c'est une affaire de propriété et de droit civil. Je dis que nous ne devrions dans aucun cas contraindre notre jurisdiction à s'occuper de ce droit Je dis que nous ne devons faire usage de notre jurisdiction que pour les choses qui en relèvent ; car nous pouvons nous en servir dans certains cas lorsqu'elle s'applique incidemment à quelques catégories de constitutions corporatives accordées par le Dominion. Par exemple, j'ai appuyé dans cette chambre comme une chose nécessaire pour les compagnies munies par nous de pouvoirs constitutifs, le droit d'exproprier les terres. Nécessairement cela tient in ci demment au droit que nous avons de donner l'xistence légale à certain chemins de fer, que nous ayons ce droit d'expropriation, et nous faisons usage de ce droit parce qu'il nous appartient. Mais je prétends que nous devrions veiller avec jalousie à la chose, et quand on propose d'outrepasser les pouvoirs incidemment attachés au droit que nous avons d'accorder des institutions corporatives et quand il s'agit essentiellement, comme on le prétend, du droit de posséder des propriétés foncières, il faudrait des raisons très fortes pour nous engager à intervenir. Et quand on nous dit que la raison vraie pour laquelle les promoteurs viennent ici, n'est pas que l'institution en corps légal donnée par les provinces ne serait pas suffisante, mais que c'est parce qu'ils ne peuvent pas avoir assez de provinces qui consentent à leur donner l'existence légale, cela devrait régler la question de notre intervention. Je soutiens qu'ils devraient s'adresser à la législature de Québec pour être érigés en corporation dans Québec, et à la législature d'Ontario, pour être érigés en corporation dans l'Ontario, et, comme l'ont dit M. Marshall et l'honorable député de Hastings Est (M. White), ils devraient livrer le combat dans ces endroits ; et si, en fin de compte, le sentiment public leur est favorable, ils obtiendront de se faire constituer en corps légal, et s'il leur demeure hostile, ils devront se résigner à s'en passer. M. Blake s'oppose a ce que l'Etat reconnaisse l'existence des sociétés SECRÈTES. Mais ce n'est pas seulement à cause de cela que je suis opposé à ce projet. J'entretiens sur ce point des sentiments qui, je dois le dire, ne seront partagés que par une petite minorité daus cette Chambre ; mais je ne les partage pas moins pour cela. Je suis opposé à ce que l'Etat reconnaisse les sociétés secrètes. Il m'importe peu de savoir combien bonnes sont les fins qu'ils poursuivent, ni quel est leur but ; je crois que c'est une erreur que de poser comme principe que toute société secrète devrait être reconnue par l'Etat. Je crois que les sociétés secrètes, les sociétés liées par serment sont, en autant qu'on peut raisonnablement sou- lever cette question dans le cas actuel — bien que je convienne que nous avons à décider la chose d'après ce que nous croyons être juste— je pense que de pareilles sociétés sont opposées à l'esprit de la loi anglaise à l'égard des sociétés reconnues. Je sais que la loi criminelle de Québec leur est contraire. Maintenant ce n'est pas par un bill passé dans cette Chambre que la loi criminelle de Québec peut être modifiée. Nous avons le pouvoir de la modifier, de l'abroger ou de la refor- mer ; et un honorable député nous a soumis un bill pour la réformer, à propos duquel, s'il arrive à la deuxième lecture, j'espère faire voir ce que je comprends être les vrais principes à suivre pour notre conduite dans des cas de cette nature ; mais je dis que la province de Québec n'aura pas à se plaindre si nous proposons de réformer ou de modifier une partie quelconque de la loi criminelle, simplement parce que cette partie de la loi est en ce moment la loi de Québec exclusivement ; car nous seuls, — et non pas eux — avons le pouvoir de nous en occuper. Mais la manière de s'occuper de la loi criminelle, c'est de l'amender ou de l'abroger par un acte général ; et si vous jugez à propos de l'amender et de l'abroger" de façon à donner l'existence légale à cette société, de façon à l'ériger en constitution corporative dans le pays, alors travailler à la passation du bill autorisant la création de celte entité corporative ne sera plus un acte contraire à la loi du pays. Il me semble qu'il est sans précédent et certainement très inopportun d'abroger une loi criminelle générale pro tento, par la création d'une corporation particulière ; car nul ne doute que ce bill particulier en vertu duquel nous organiserions légalement la société des Orangistes, par lequel nous lui per- mettrions de grossir le nombre de ses loges et ainsi de suite ; par lequel nous lui donnerions l'existence légale et nous la reconnaîtrions officiellement — personne, dis-je, ne doute que la chose relève de la loi criminelle de Québec. Ce n'est pas là une façon convenable de se dérober à l'opération de la loi criminelle. On pourrait, comme la chose a été faite dans l'autre Chambre à la dernière session, présenter un projet portant sur la loi criminelle d'après les principes généraux à invoquer pour s'en occuper. J'entretiens encore l'opinion que j'ai exprimée dans cette Chambre dans des occasions précédentes, qu'à moins d'être forcés à agir autrement par une nécessité manifeste, nous devrions promulguer des lois uni- formes pour toutes les parties du Dominion concernant les intérêts communs dont nous avons charge. Je trouve que c'est une anomalie — peut-être justifiable en certaines circonstances, et qui ne peut être jnstifiée que par des circonstances vraiment extraordinaires — qu'il y ait une loi criminelle pour une partie du Dominion et une loi criminelle pour une autre partie. Je crois donc qu'il serait opportun de déposer un projet de loi concernant les sociétés secrètes, en gardant dans le statut les parties de la loi de Québec qu'on peut juger à propos d'y laisser, en modifiant généralement les parties qu'on jugera à propos de garder dans le sens que j'indiquerai dans une autre occasion Mais c'est mettre la charrue devant les bœufs que de légaliser au moyen d'un bill particulier l'exis- tence d'une institution que l'on soustrait à l'opération de la loi criminelle. En principe général la loi devrait d'abord être réformée ; mais si l'on trouve que l'institution est une de celles à qui on peut légalement donner l'existence corpora- tive, on pourra procéder à la lui accorder. Maintenant, comme je l'ai dit, je ne suis favorable à la reconnaissance par l'Etat d'aucune société secrète. Je n'ai jamais appartenu à aucune, bien que nombre de mes meilleurs amis soient membres de sociétés secrètes qui sont, comme celle-ci prétend être, de bien- faisance, des sociétés secrètes qui ne se mêlent aucunement de politique, des sociétés secrètes dont le but véritable, en autant qu'un homme du dehors peut le savoir, ne va pas au-delà des fins qu'avoue chercher l'association. Mais je crois que les tendances du secret même sont pernicieuses. Je pense qu'il con- tient en lui-même la probabilité du mal; je pense qu'il exige jusqu'à un certain point le sacrifice de l'individualité et de l'indépendance et qu'il fournit aux chefs entreprenants de très grandes facilités pour égarer les membres et pour faire le mal. C'est là la proposition générale que j'émets au sujet des sociétés secrètes liées par serment, point pour la défense duquel je dois dire comme il y a un instant, que je suis en petite minorité; car je suppose que la grande masse des membres protestants de cette Chambre, au moins, appartiennent à l'une ou à l'autre de ces sociétés; et je ne veux pas que l'on comprenne que ces tendances au mal se manifestent dans beaucoup de ces sociétés, dont les opérations, en autant que je puis le savoir, sont bienfaisantes. Mais on ne doit traiter ces choses qu'en s'appuyant sur des principes généraux ; et je soutiens qu'en lui- même le secret est une mauvaise affaire ; et si ces sociétés sont bienfaisantes, elles le sont en dépit et non à cause de cet élément du secret. Il y a trois sortes de conduite que le gouvernement peut adopter à l'égard de ces sociétés, c'est la 8 suppression, la reconnaissance ou la neutralité. Et je soutiens qu'à moins qu'une société poursuive un but manifestement mauvais, dans notre siècle et dans les circonstances où nous sommes, la seule ligne de conduite à adopter, ce n'est ni de la supprimer ni de la reconnaître, mais de prendre à son égard une position neutre ; de n'intervenir ni d'une façon ni de l'autre, de ne pas la faire recon- naître par l'Etat et de ne pas tenter de la supprimer, ce qui, dans la plupart des cas, est une tentative inutile. Ceux qui parlent du caractère bienfaisant des sociétés secrètes ont lu, je crois, l'histoire des premiers siècles et de ceux qui les ont suivis, et surtout de ceux qui sont venus bien après, l'histoire de l'Europe, du Royaume-Unis et des Etats-Unis, d'une autre façon que celle que j'ai adoptée pour la lire. Je crois qu'une grande partie des perturbations sociales et politi- ques qui se sont produites dans ces pays, est due aux sociétés secrètes ; et je pense que nous qui venons de l'un ou de Vautre quartier du Eoj^aume Unis ; que nous qui sommes doublement intéressés à la paix, à la prospérité et au contente- ment de chacun des trois Royaumes, nous avons dû remarquer 1 influence déplo- rable que les sociétés secrètes ont eue dans cette partie du Royaume-Unis qui, malheureusement a fourni tant de causes de trouble, d humiliation et de difficulté au Parlement d'Angleterre et au peuple anglais dans tout le monde. Si vous vous rappelez la Société Ribbon, la société Phœnix, la société Fénienne et toutes les autres société de ce genre dont j'ai parlé, vous verrez facilement quelles sont les possibilités de faire le mal qui résident dans le secret. C'est la, monsieur l'Ora- teur, une opinion partagée par beaucoup de ceux qui ont réfléchi à la ques- tion, et j'ai trouvé, l'autre jour, dans un livre que M. A. M. Sullivan a écrit il n'y a pas lonptemps, une observation qui m'a tellement frappé, que je crois devoir prendre la liberté de la soumettre à la chambre. Il dit : lt Ce n'est pas en vain que j'ai étudié l'histoire des associations liées par serment secret. J'ai éprouvé un sentiment d'horreur en les examinant. Je "savais tout ce qu'on pouvait dire des facilités qu'ils ont de révolutionner un pays, mais même lorsqu'elles étaient soumises à la direc- tion la plus ferme et la meilleure, elles avaient une tendance directe à la démoralisation et souvent, elles étaient, somme toute, plus dangereuses pour la société que la tyrannie." Voilà ce qu'a dit un écrivain très éminent qui a pris part à une agitation pour arriver à ce qu'il croit et ce que plusieurs de nous croient une amélioration de la condition du peuple irlandais. Il a vu quelle puissante agence ces sociétés formeraient ; mais il a vu aussi, grâce à la triste expérience personnelle qu'il en a faite et grâce aux observations auxquelles il s'est livré, quelle tendance au mal et à la démoralisation elles ont. Yoici quelle est la difficulté à propos de la reconnaissance par l'Etat — elle est essentielle , vous ne pouvez vous en débarrasser ; elle réside dans le fait que la société est secrète — c'est qu'on ne peut déterminer, vu qu'elle est secrète, jusqu'à quel point elle peut s'écarter du but avoué qu'elle prétend poursuivre ; dans quelle direction elle peut aller, jusqu'à quel point, étant ostensiblement une société religieuse et de bienfaisance, elle peut devenir une société politique ; jusqu'à quel point, étant loyale, elle peut aller dans la direction opposée, comme nous savons que sont allées autrefois des sociétés qui se prétendaient loyales, nous ne saurions le déterminer. Je dis donc que l'Etat ne devrait pas reconnaître les sociétés secrètes liées par serment. On ne peut pas dire à quelle sorte de tyrannie elles ne peuvent pas se livrer. C'est dans la nature de ces sociétés de devenir tyranniques et despotiques. Les discussious ouvertes et publiques sont les grandes garanties de l'ordre, de la liberté, de la loyauté et de la modération. Ce sont dans les réunions intimes d'individus qui professent tous la même opinion que se révèlent et se manifestent avec éclat ces dispositions à l'amertume, aux fausses représentations et à la malignité. C'est précisément là qu'on est sûr de voir surgir cette pire difficulté que nous n'éprouvons que trop communément dans notre vie publique même et qui ne s'aplanit que si nos discussions se font ouvertement et en présence de gens 9 qui entretiennent des opinions différentes. Il se peut que dans les pays opprimés, gouvernés despotiquemcnt, les sociétés secrètes soient devenues une pénible nécessité. C'est possible. Je ne l'admets pas ; mais cela peut être. Elles peuvent fournir le seul recours que puissent avoir les pays qui aspirent à la liber- té. Mais ce n'est pas là la condition dans laquelle se trouve la population de ce pays. Il n'y a ici rien que nous désirions, il n'y a pas d'amélioration de notre con- dition que nous ne sommes pas libres de proposer dans les assemblées publiques, à propos de quoi nous ne pouvons engager un débat public. Si nous croyons que ceux d'entre nous qui ont une foi particulière entretiennent des sentiments, non- seulement erronnés au point de vue de la religion dogmatique (ce qui n'a rien à faire avec la question), mais des sentiments hostiles à la constitution ou dan- gereux pour l'ordre social, nous avons droit de le dire, nous avons droit de leur résister, nous avons droit d'attaquer leurs opinions et de les provoquer à les exprimer, mais n'avons pas droit— vu que nous n'en n'avons pas besoin — de former dans ce but des sociétés secrètes, lesquelles, comme je l'ai dit, ont souvent enfanté la malice, la fausse représentation de la bigoterie. Cependant le bill fait beaucoup plus que d'accorder le droit de propriété. Comme je l'ai dit, il donne la reconnaissance de 1 Etat ; il accorde 1 existence corporative. Dans ce but il invoque l'acte d interprétation ; et le dernier article donne à cette société le pouvoir d'exécuter son œuvre. Il est vrai qu'on a modifié le préambule du bill. A la dernière session, il y était dit que la Société demandait le pouvoir de faire son œuvre ; cette année il n'est pas question de cela ; mait les articles, en autant que je puis les comprendre, sont les mêmes ; et, bien que le préambule ne propose pas de donner ce pouvoir, les articles le font. L'acte d'interprétation donne des pouvoirs qui, tout en étant parfaitement légi- times en fait, absolument nécessaire pour les affaires d'une corporation ordinaire, sont cependant des pouvoirs qui peuvent être mal interprétés et dont on peut faire un mauvais usage, dans le cas d'une société secrète comme celle-ci pour la propagation d'une opinion. La majorité est revêtue d'un pouvoir sur la minorité. Si cela est nécessaire dans le cas d'une corporation ordinaire, dans le cas d'une société comme celle-ci, vouée à la propagation d'une opinion, un article comme celui-ci peut probablement porter la majorité exercer la tyrannie sur la mino- rité. On libère aussi de toute responsabilité individuelle, ce qui est tout-à-fait pertinent pour le cas des corporations d'affaires ordinaires ; mais encore une fois, un pouvoir particulier est concédé par cette disposition à cett organi- sation conformément à la constitution contenue dans la cédule, et nous lui donnons le pouvoir de modifier cette constitution comme elle l'entendra par la suite. On nous demande de constituer légalement une institution à être nantie du pouvoir de modifier sa constitution comme il lui plaira, et de donner ensuite tous les pouvoirs qu'elle voudra à ses dignitaires ; mais nous ne savons pas ce que pourront être ces altérations, vu que le voile du secret cache les actes ; et pourtant personne n'en peut être tenu individuellement responsable. LA SOCIÉTÉ ORANGTSTE EST DANS L'ONTARIO UNE ORGANISATION PRESQUE COMPLETEMENT POLITIQUE. Maintenant, mon honorable ami le représentant de Huron a parlé d'une question qui a d'abord provoqué des démentis ; mais, lorsqu'on lui a répondu, je n'ai pas remarqué qu'on ait sérieusement combattu ses prétentions. Il a dit que cette société poursuivait des fins presque complètement politiques. Je ne suis pas pour parler de la manière dont la société orangiste opère dans les autres Provinces du Dominion ; je ne le sais pas ; je ne sais pas jusqu'à quel point elle est fidèle à la mission avouée de l'institution, ni jusqu'à quel point elle dépasse le but ; nous ne savons pas si elle poursuit un but politique ou non ; mais je 10 pense parler de ce que je sais quand je dis que l'observation de mon honorable ami, quand à ce qui concerne l'Ontario, est parfaitement exacte ; et je pense qu( le fait seul qu'après avoir été accueillie par des démentis, cette assertion n' pas été contredite, lorsqu'ils s'est agi d'y répondre, en démontre suffisament 11 la vérité. M. WHITE (Hastings). Il a dit que des Orangistes avaient été expulsés pourl avoir voté en faveur du parti réformiste. Je nie la chose. M. BLAKE. Je ne sais pas jusqu'à quel point cela peut être vrai ; mais je vais, avant de finir, fournir à l'honorable monsieur quelques renseignements sur ce point. Je maintiens que l'ordre est politique dans l'Ontario, et je dis que les objections qu'il y a à ce que l'Etat reconnaisse les sociétés secrètes tirent une force double du fait qu'elles prennent leur pleine vitalité lorsqu'on les applique aux sociétés secrètes. C'est en politique surtout qu'il n'y a de sûreté que si la discussion est publique, l'attaque et la défense ouvertement faites, les accusations et les réponses portées et rendues au grand jour. . Plusieurs d'entre nous croient, et je suis sûr que la plupart d'entre nous conviendront si la chose était faisable, — mais je ne crois pas qu'elle le soit — que ce serait un grand bien pour le public si on abolissait la cabale intime et si l'on pouvait s'arranger de façon à faire de la propagande en rencontrant les électeurs des deux côtés dans des assemblées publiques où on exposerait les principes et où l'on définirait les positions. Et pourquoi ? Parce que nous savons que la propagande faite en particulier fournit l'occasion de faire des énoncés qui vont au tempérament politique de la personne à qui on s'adresse ; parce que nous savons qu'elle donne occasion de faire certains avancés au sujet de la croyance politique des candidats et de faire privément des attaques contre la foi politique et le caractère d'un adversaire, et qu'à cela il faut objecter de toute manière. Je crois que la publicité est le souffle même de la liberté en politique ; et je n'ai eu aucune hésitation à déclarer que, bien que j'aie voté pour le scrutin comme nécessaire à la liberté, je ne me suis jamais réconcilié avec l'idée que nous serons toujours obligés de voter par un procédé secret; car je crois que nous aurons accompli un grand progrès le jour où nous pourrons croire que pour toute notre population le vote ouvert serait le vote libre. Ce n'est que parce qu'il y a des cas où le vote ouvert n'est pas un vote libre, que j'ai consenti, à cause de la nécessité, à l'établissement du scrutin, afin de rendre le vote libre. A part cela, je pense que l'effet du scrutin lui-même est plus dommageable qu'avantageux. Pour contenancer ce que j'ai dit au sujet des organisations politiques secrètes, je vais vous donner un exemple emprunté à ma propre carrière. Lorsqu'en 186V, je suis entré dans la vie publique, je briguais les suffrages de deux comtés. Dans l'un j'étais candidat aux honneurs de la représentation provinciale ; dans l'autre je voulais être élu membre- de cette chambre ci. Les deux comtés étaient éloignés de 200 à 250 milles l'un de l'autre, et pour faire ma propagande électorale, il me fallait courir de l'un à l'autre. A un certain endroit, un peu avant de quitter la division sud de Bruce pour me rendre à Durham-Ouest, j'appris qu'on organisait une cabale secrète coutre moi, laquelle était montée par cette société de bienfaisance. D'un coté on disait que c'était mon père qui avait tiré un coup de feu sur le colonel Moody en 1837 ; de l'autre, que j'étais moi-même catholique romain. M. WHITE (Hastings). Ce devait être un Orangiste grit. M. BLAKE. Ayant pris des renseignements qui ne me laissaient pas le moindre doute que ces déclarations étaient mises en circulation dans la division sud de Bruce par l'organisation orangiste, par suite de ce qui avait été décidé à sa dernière réunion ; sachant qu'il y avait dans la salle des gens qui faisaient circuler ces histoires, j'invitai ceux qui les avaient répandues, je les invitai tous à s'avancer et à formuler leurs accusations soit contre mon père soit contre moi, afin que j'y répondisse ; mais personne n'a voulu s'avancer. Je les ai convoqués » trois fois à une assemblée publique, mais, bien que ceux qui répandaient ces calomnies fussent présents, ils n'ont pas voulu venir. Dans la division ouest de Durham, la même cabale secrète se montait ; on suivait la même tactique, on mettait précisément les mêmes calomnies en circulation ; et, lorsque je suis arrivé dans cette division, on m'a posé des questions au sujet de ceci et au sujet de cela ; mais j'ai refusé de démentir des assertions que personne n'osait faire en public. Voilà le mal produit par la propagande faite clandestinement, surtout lorsqu'elle est conduite par une société secrète. Est-ce que je m'oppose à cette société parce que c'est une organisation politique ? Pas du tout. J'ap- prouve les organisations politiques. Je crois aux organisations politiques qui sont publiques, qui avouent ouvertement qu'elles sont politiques et qui ne craignent pas de se dire telles ; mais je ne crois pas aux organisations politiques secrètes, ni aux organisations secrètes ou autres, qui prennent le travestissement de la religion ou de la philanthropie. Je ne m'oppose pas à cette société parce que la majorité de ceux qui la composent me sont hostiles en .politique. Ce n'est pas là une raison pour objecter à son existence. Ceux qui en font partie ont autant que moi droit à leurs opinions politiques, et ce droit qui leur appar- tient m'est aussi cher que celui que j'ai d'entretenir les miennes. Comme j'entretiens mes opinions en vertu du même droit qu'eux, et Comme, pour aucune considération, je ne voudrais me départir de mes droits, je tiens le leur pour également cher. Mais si cette organisation politique m'est opposée, je veux savoir que ses membres sont mes adversaires et je ne veux pas qu'ils ne soient connus comme membres d'une société religieuse ou charitable. Nos opinions religieuses devraient être tenues entièrement séparées de nos convic- tions politiques. La plus grande calamité qui puisse arriver à une nation, c'est lorsque les attaches de ses corps politiques s'adonnent à être les mêmes que celles de ses organisations religieuses. C'est là une grande calamité, un grand malheur. Je désire que, quelles que soient nos croyances ou nos opinions religieuses, nous comprenions qu'elles n'ont rien à faire avec nos sentiments politiques, et que nous puissions nous entendre ou différer au sujet des questions politiques tout à fait indépendamment de la croyance que nous nous adonnons à avoir sur les questions religieuses. Plus vous faites d'une grande société protestante une combinaison qui devient une organisation politique, plus vous rendez semblables, ou plus vous essayez de rendre semblables les lignes de démarcation entre les opinions politiques et les opinions religieuses du peuple, et plus vous agissez en opposition directe à ce que je crois être les intérêts de l'Etat. Il y a déjà assez d'acrimonie dans nos différences de sentiments politiques, sans y introduire nos divergences religieuses, et si Yodium theologicum que l'on sait être si aigre doit encore être accentué par des divergences religieuses, cela va devenir intolérable. Tâchons donc de ne pas faire des choses semblables de la ligne de démarcation entre les opinions politiques et de la ligne de démar- cation entre les opinions religieuses. Cependant cette société qui, sous le couvert de la religion et de la bienfaisance, est, dans l'Ontario, surtout politique comme puissance et comme efficacité d'action, est justement à exécuter cette chose que je crois être un malheur plutôt qu'un bienfait public. Je ne me propose pas. pour faire valoir mes sentiments au sujet du tempérament politique de cette société dans l'Ontario, de parler de quelque chose qui se soit passé il y a bien longtemps. Je ne me propose pas même de parler de choses qui soient aussi anciennes que celles dont il a été question dans le discours de mon hono- rable ami le représentant de la division ouest de Huron (M. Cameron). Il me suffit de parler de ce qui s'est fait récemment. L'honorable député de Hastings (M. White) a prononcé un discours dans la ville de Woodstock, le douze juillet dernier ; et dans ce discours, il a parlé d'une façon très amusante de l'histoire secrète de ce bill. Au cours de ses énoncés, il a adopté une ligne d'argumentation 12 que je désire faire remarquer, et il a démontré ce que j'ai dit pour faire voir que cette société est en réalité et en substance une organisation politique. Il a dit : " Le bill et ce qu'il demandait ont été soumis à la population du Dominion, mais avant la deuxième lecture, on a malheureusement commis des fautes. 11 n'avait pas de grands reproches à faire aux catholiques romains ni aux réformistes ; mais, pour ce qui concerne nos gens, comme conservateurs et comme orangistes, ils ne se sont pas montrés aussi zélés qu'ils auraient dû le faire. 11 va leur dire que pour ce qui est des réformistes, ils oublient le fait que les neuf dixièmes de la société des Orangistes dans la province d'Ontario appartenaient au parti conser- vateur." M. WHITE (Hasting.) Supposons qu'il en soit ainsi. M. BLAKE. Eh bien, supposons qu'il en soit ainsi. J'en suis fâché, mais je le suppose. Je suis seulement à faire voir que c'est une organisation politique. M. FAEEOW. Cela ne le démontre pas. M. BLAKE. Si cela ne le démontre pas pour l'honorable député de Huron, je désespère de le lui démontrer. Ce n'est pas à l'honorable monsieur que j'adresse le reste de mes remarques. » Il croyait en justice, d'après les principes réformistes, qu'ils auraient dû passer pardessus tous les légers torts dont ils pouvaient avoir eu à souffrir dans le passé, et voter en faveur du bill donnant l'existence légale à l'ordre orangiste. 11 aurait désiré qu'il en eut été ainsi, et s'ils l'avaient fait, il était convaincu qu'à l'élection suivante les Orangistes se seraient divisés et qu'ils se seraient prononcés pour les hommes et pour les mesures et pas aussi fortement pour le parti." " Et pas aussi fortement pour le parti." Voilà la description que fait l'hono- rable monsieur, du caractère de l'organisation orangiste dans l'Ontario, c'est quils se sont naguère fortement prononcés pour le parti et qu à l'avenir ils pour- ront modifier leur manière d'agir et se prononcer davantage pour les hommes et pour les mesures. Et ce n'est pas là une organisation politique ! M. WHITE (Hastings). Ce sont là de bonnes paroles. M. BLAKE. Ce sont de très bonnes paroles ; je voudrais qu'on leur donnât effet. « M. Bunting s'est rendu à Ottawa ; il a travaillé jour et nuit en faveur du bill ; il a dit aux Français que s'ils n'approuvaient pas le projet, ils commettraient un acte de grande injustice. Il a parlé à sir Hector Langevin, à sir John A. Macdonald et à d'autres membres du cabinet à ce sujet. Il leur a parlé de l'appui général que le parti conservateur a toujours reçu des Orangistes. SIK JOHN A. MACDONALD. Très bien. M. BLAKE. Oh ! ce n'est pas une association politique ; mais elle donne son appui général au parti conservateur. M. WHITE (Hastings.) Ce sont là de très bonnes paroles, je n'en rougis pas. M. BLAKE. Il remerciait (lui, M. White,) M. Bunting du noble secours qu'il leur a donné pendant ce temps d'épreuve, assistance qu'ils espéraient avoir pour résultat un triomphe. lt Dans des conversations qu'il a eues avec vingt autres messieurs, avec sir Hector Langevin, il a dit : " sir Hector, il faut que nous obtenions l'institution corporative." Quelle a été la réponse ? sir Hector à dit : " Pour ce qui est de vous constituer en corporation, je souhaite personuellement que vous obteniez la chose, mais je suis opposé à toutes les sociétés secrètes, parceque l'église à laquelle j'appartiens y est opposée. J'aime à voir le parti conservateur prospère, mais j'aime mieux la prospérité de mon église que celle du parti conservateur ; mes évêques et mes prêtres nous disent à nous membres de l'Egli6e catholique de ne pas voter en faveur de pareilles sociétés." En réponse M. Bunting a dit: " C'est là une grande erreur, car il n'y a personne sur terre qui désire plus que les Orangistes, rendre justice à tout le monde et accorder à votre église tous les actes dont elle peut avoir besoin pour des institutions corporatives créées à son avantage." Dans son opinion ,(à M. White) sir Hector Langevin devait découvrir qu'il avait commis une grande erreur ; car si jamais il arrivait au poste de chef d'un gouvernement dans ce pays, il lui serait impossible de s'y maintenir, sans l'assistance et la coopération de la société orangiste." " Leur organisation " a dit l'honorable monsieur, devenu enthousiaste dans sa péroraison. 13 11 Leur organisation est une grande affaire ; qu'elle soit bonne, prudente et circonspecte, et il leur dit comme conservateur de songer à la prochaine élection générale, et si nous ne réussissons pas à obtenir justice, jugeons chaque homme d'après ses actes. 11 faut arracher une feuille du livre de l'archevêque Lynch. La société orangiste est capable de dominer tout le pays si elle veut se rester fidèle à elle-même. Puis, monsieur l'Orateur, l'honorable monsieur a encore prononcé un discours à HamiJton. On a poussé trois hourrahs pour " sir John " à un certain moment, dans l'assemblée, après quoi l'honorable monsieur à dit que : " Lui (sir John) était un ami aussi sincère et aussi consistant du bill des Orangiste qu'aucun membre de la chambre. On a proposé de retirer le bill ou qu'il fût accordé à toutes le différentes pro- vinces à l'exception de la province de Québec, sir John lui a dit ; " monsieur White, n'acceptez pas cela,car si vous le faites, cela ne peut amener que la déconsidération sur votre société. Il vaut mieux faire adopter le bill pour tout le Dominion ; mais ne vous déshonorez pas en désertant les dignes membres de votre ordre qui habitent la province de Québec." C'étaient là de bonnes paroles, et il était convaincu que rien au monde n'aurait causé plus de plaisir à sir John que la présentation du bill constituant les Orangistes en institution corporative, au gouverneur pour le faire sanc- tionner, car sir John est intimement convaincu qne les neuf dixièmes des membres appartiennent au parti conservateur. " Eh bien, je vois que l'honorable monsieur s'amuse; j'ai cru que j'allais l'égayer. M. WHITE. (Hastings) Ce discours mien qu'il est à lire, est la meilleure partie du discours de l'honorable monsieur. M. BLAKE. Les preuves que je donne sont toujours les meilleures parties de mes discours, et voici ma preuve : « En supposant que sir Hector Lange vin serait le chef d'un grand parti et que dans les rangs de ce parti il y aurait une société qui lui serait aussi fidèle que la société orangiste l'a été à sir John MacDonald, il s'adresserait à sir John et il lui dirait : " Il est nécessaire, dans l'intérêt de notre parti, que cette société qui est loyale envers la reine, envers la constitution et envers le pays, soit munie d'un aete qui la constitue en institution corporative." Sir John répondrait: " Oui, je consens de tout mon cœur à ce que vous l'ayez." Le premier ministre est le chef d'un parti qui est franc et loyal, pendant que sir Hector Langevin est à la tête d'un parti qui est lié par les mains et par les pieds ù l'église de Rome, qui a des dispositions absorbantes, qui prend tout et ne donne rien." Puis, l'honorable monsieur eut occasion de parler du ministre des douanes, et, après l'avoir hautement loué de la façon dont il remplit ses devoirs, il dit: « Les Orangistes avaient entretenu l'espoir et avaient vécu dans l'attente qu'il parlerait lors de la deuxième lecture du bill, et en ne le faisant pas, il pense (lui M. Bowell) qu'il (le ministre des douanes) a commis une grande faute. Ils étaient fiers de lui quand il s'est levé dans la chambre des Communes et en a fait expulser Riel ; quand il a pris des mesures pour faire traduire le premier membre de la chambre, monsieur l'orateur Anglin, à la barre de la chambre pour répondre à l'accusation d'avoir violé la loi à la passation de laquelle il avait contribué — l'acte concernant l'indépendance du Parlement. Il ne savait pas (lui M. White) pourquoi le ministre des douanes n'a pas porté la parole à la chambre lors de la deuxième lecture du bill, mais il espérait que M. Bowell reprendrait le terrain perdu, et qu'il serait à leurs yeux, comme par le passé, un membre digne et honoré de la société. S'il a commis une faute, il ne faut pas qu'on lui témoigne trop peu de miséricorde ; il faut l'endurer avec patience et il espère que si l'oc- casion se présente de nouveau, il se lèvera et parlera en faveur du bill constituant légalement l'ordre des Orangistes, même au risque de perdre son siège dans le cabinet." Voilà, monsieur l'Orateur, pour ce qui concerne l'honorable député de Hastings. Mais il y a d'autres preuves récentes qui établissent le caractère politique de cette organisation religieuse et bienfaisante, telle que dirigée dans l'Ontario, Le frère Marshall dont j'ai déjà parlé, qui occupe une haute position dans l'Ordre et qui était à Winnipeg avec l'honorable monsieur, a dit : " On leur a demandé pourquoi ils avaient toujours voté pour les tories ; et la réponse a été que c'était parce que les tories s'étaient toujours montrés leurs amis." On voit qu'ils déclarent avoir " toujours voté en faveur des tories " ; mais ce n'est pas une organisation politique 1 A la réunion de la grande loge, à Ste- 14 Catherine, le grand maître, M. Merrick, qui est en même temps membre de la législature locale, dit : "J'espère que cela va nous servir de leçon pour notre conduite dans l'avenir, et nous engager à ne pas nous fier à un simple parti politique agissant comme tel, mais à appuyer et à souteni le plus énergiquement possible ceux qui nous aideront et travailleront pour nous ; nous pourrons sans doute dire alors avec le grand maître de la Nouvelle Galles du sud : " A propos des dernières élections des membres du Parlement, nous voyons que dans chaque localité, dans les différents collèges électoraux, quand une loge se mettait à l'œuvre, le candidat choisi par la loge recevait le plus grand nombre de votes." Mais ce n'est pas une organisation politique . Pais, à la même réunion, M. Johnston a dit : 11 Les frères devraient s'efforcer de la rendre moins politique et d'en faire davantage une association religieuse et de bienfaisance." M. WHITE (Hastings.) Comment cela vous irait il ? M. BLAKE. Cela m'irait très bien ; mais je ne comprends pas que l'hono- rable monsieur soit à faire la chose, monsieur l'orateur. Puis il y a eu grande réu- nion du conseil triennal en Angleterre, à laquelle des délégués canadiens étaient présents, y compris M. Marshall et M. Bennett. Des discours ont été prénon- cés par M. Bennett et par d'autres ; et quelques uns ont signalé la condition de l'ordre dans une autre colonie, ce qui, à ce point de vue, ne manque pas d'intérêt. M. Neale, qui représentait la Nouvelle Zélande, l'Australie méridionale et Queensland, a parlé et il a dit, " La dernière élection générale a fourni à l'Orangisme l'occasion du plus grand triomphe qu'il ait jamais eu dans la Nouvelle Galles du sud. Nous avons gagné pas moins de vingt huit sièges dans le Parlement colonial ; un nombre très considérable d'autres députés doivent leur élection au vote orangiste, et huit catholiques romains seulement ont réussi à se faire admettre." Yoilà les déclarations que ces délégués canadiens ont entendu faire et qui font voir l'état des choses et la manière de procéder de l'Ordre dans la Nouvelle Galles du Sud. M. Bennett qui représentait l'Ontario, était présent à la réunion, et il a dit ceci : " Je dois aussi vous dire que nous avons dans notre pays une feuille orangiste, et nous avon8 constaté qu'elle produisait un effet avantageux et magique, car, divisés comme le sont les Protestants du pays en deux partis politiques dont chacun courtise le vote catholique romain, de sorte que les organes de ces partis politiques n'osent pas, de crainte d'offencer les catholiques romains, dire quoique ce soit en faveur de l'orangisme, en ayant un journal à nous, non seule- ment nous avons des nouvelles concernant les orangistes dans toutes les parties du monde ; mais nous avons un organe qui, non seulement expose nos vues au pays, mais repousse les attaques dirigées contre nous par la presse catholique romaine et jésuite da pays." De sorte que vous voyez, monsieur l'Orateur, que l'Ordre est une organisation politique et que dans l'Ontario aujourd'hui, de l'aveu de ces principaux hommes, bien qu'il s'adresse ici pour se faire constituer légalement comme association religieuse et de bienfaisance, la manière qu'il prend pour en appeler à ses amis et la façon de parler qu'il adopte pour se faire appuyer, sont politiques. Ils disent qu'ils forment une association politique. Il votent presque tous d'un côté; c'est une organisation de parti politique. Aussi ne faut-il pas s'en éton- ner monsieur l'Orateur, car nous savons tous que dans les deux quartiers princi- paux d'où l'ordre sort, la Grande loge Irlandaise et la Grande loge Anglaise, l'ordre a été pendant nombre d'années, comme il l'est encore, je crois, politique. Je ne me propose pas d'essayer moi-même d'expliquer l'origine et encore moins de faire connaître les progrès et les travaux des loges Irandaises, mais je me pro- pose de lire un court extrait d'une lettre écrite par M. Francis Hincks, il y a quelques années, dans laquelle il disait : " J'ai lu dans beaucoup de journaux, ainsi que dans le sermon du révérend monsieur Doudiet, cette opinion exprimée, que la raison pour laquelle les catholiques romains irlandais se trouvent 15 ffensé s, c'est qu'on célèbre l'anniversaire de la bataille de la Boyne. Je crois que ceux qui entretiennent cette opinion se trompent du tout au tout, et il est très à désirer qu'ils soient tirés de leur erreur. Les catholiques romains irlandais ne se seraient jamais sentis offensés par la célébration d'une victoire ordinaire, mais la bataille de la Boyne a été la première d'une série de victoires qui ont amené le complet asservissement des Catholiques d' friande aux Protestants de la Grande Bretagne, et l'effet de cet asservissement, c'est qu'une minorité protestante établie surtout dans une des quatre provinces de l'Irlande a pu dominer une majorité catholique romaine et la gouverner avec une verge de fer dans le dix-huitième sciècle." " Le mot d'ordre de la minorité protestante pendant des années avant que les loges orangistes prissent existence, était " Domination protestante " et cela a été maintenu par des lois pénales, et toutes les améliorarions proposés à ces lois ont été combattues par les orangistes avec toute la vigueur qui les a toujours distingués. Quand on se rappelle que pendant près d'un siècle, après la bataille de la Boyne, aucun catholique romain ne pouvait ni être élu ni voter pour un membre du Parlemeut ; qu'aucun catholique romain ne pouvait être ni avocat nisolliciteur ; qu'aucun catholique romain ne pouvait garder d'armes ; que ses enfants ne pouvaient pas se faire instruire et que son clergé était proscrit ; qu'aucun catholique romain ne pouvait posséder un cheval valant plus de £5 ; quand, de plus, on se rappelle que toutes les réformes de ces lois pénales ont été graduellement arrachées à la minorité qui seule était représentée dans le Parlement irlan dais, grâce ùl'influence des hommesd'Etat anglais, qui tout en entretenant des opinions différentes au sujet d'autres questions, étaient presque tous favorables à l'abrogation des lois pénales statutaires ; quand, dis-je, tout cela est pris en considération, il n'est pas difficile de comprendre la haine qu'éprouvent les catholiques romains pour une institution qui a pour principe capital la "domination protestante," et dont les membres ont l'habitude d'afficher ce principe au moyen de leurs drapeaux et de leurs chants de partisans " Protestant Boys et Croppies lie down. Sir Francis Hincks continue à faire remarquer que l'œuvre politique perma- nente des Orangistes irlandais au sujet de rémaneipation des Catholiques, au sujet du désétablissement de l'Eglise, fait voir l'activité comme corps politique qu'ils ont déploj'ée jusqu'à une période relativement rapprochée. Il fait remar- quer l'organisation Orangiste a existé dans la province du Haut-Canada ; qu'elle a été hostile à certaines réformes dont il lui a plu d'appeler les promoteurs déloyaux; et il démontre que là aussi ils formaient une organisation politique. Voilà, monsieur l'Orateur, pour ce qui concerne les loges anglaises ; vous verrez que dès le commencement de l'enquête qui a été faite au sujet de l'institution Orangiste dans la Grande-Bretagne et dans l'Irlande peu après que l'ordre eut été formé en Angleterre, l'assistant grand secrétaire à qui on avait posé quelques questions, et qui parlait de sa nature véritable, a répondu comme suit : 469. Question. Tl est dit ici que comme partie du grand corps conservateur qui s'étend sur tout le Royaume et qui à sa tête dans la métropole, la valeur de notre établissement provinciale est immense. " Voulez-vous dire ce qu'on entend par l'avantage qu'il y à avoir cette association générale opérant sur toute la surface du pays, la tête du corps se trouvant dans la métropole ; avez vous entendu par le corps conservateur l'institution Orangiste loyale? — Non, li s'agit de l'institution connue comme le corps ou le club conservateur. 470. Ceci est publié avec Papprobation du Grand maître dans PEmpire, Son Altesse royale le duc de Cumberland ? —Oui, c'est cela, mais je n'hésiterais pas à dire que cela se rapporte aux associations conservatrices plus qu'à l'ordre Crangiste, mais je considèie que l'une est mêlée à l'autre. 471. Voulez vous parler de ce qu on appelle communément le Carlton Club ? — Oui. 472. Voulez vous nous dire ce que signifie ceci " Enfin cela permet aux hommes qui ont de la richesse et du patronage à leur disposition d'accorder des distinctions aux véritables amis des principes constitutionnels, de récompenser le mérite et l'honnêteté chaque fois qu'on subit l'oppression et le malheur. Par le mot " on " entendez vous l'institution Orangiste loyale ? — Je dois dire plutôt, va que je suis pris par surprise, que cela doit signifier l'institution conservatrice ; j'ai toujours regardé les deux choses comme si bien mêlées ensemble, aveo des noms différents, que cela tire peu à conséquence. 473. Vous considérez l'association loyale Orangiste comme ayant le même caractère que celle appelée le Carlton Club et comme identifiée avec elle? — Oui. je le considère ainsi; avec cette distinction, que l'institution Orangiste est une association religieuse et que le Carlton Club ne prétend pas l'être. Quand il s'agit pour quelqu'un de se faire admettre membre du Carlton Club, si, en sa qualité d'homme d'un certain rang dans la société, il se trouve éligible, on ne demande 16 jamais, je crois, quelle est sa religion ; ce qui nest pas une raison d'exclusion, pendant que jel n'ai aucune hésitation à dire que la religion est la chose capitale dont nous nous occupons dans| l'institution Orangiste ; par exemple nous excluons les papistes et les juifs. 476. Devons nous comprendre que vous croyez que le Carlton Club et l'institution Orangiste I ont généralement les mêmes opinions, mais que vous regardez le Carlton Club comme plus| politique et l'institution Orangiste comme plus religieuse ? — Oui." Je pense, monsieur l'Orateur, que cela prouve assez bien que dans l'opinion de l'assistant grand secrétaire, l'institution Orangiste et le Carlton Club étaient des institutions ayant des noms différents, mais poursuivant à peu près le même but. Cela est encore pratiquement démontré par les documents produits dans le temps. Entre autres on trouve le rapport du grand secrétaire, en 1835, dans lequel il disait : » 4. Peut-être que le meilleur de tous les moyens pour donner le plus d'efficacité à l'Orangisme ou lui faire rendre tous les avantages possibles, c'est d'observer en pratique ses principes quand l'exécutif sent la nécessité de faire un appel à la nation. Si cependant par un abandon de ces principes qu'ils disent professer ou au moyen drun compromis, ses membres sont assez incon- sistents pour appuyer des candidats qui se disent ouvertement hostiles à l'église protestante et à la libre constitution, le fait qu'ils continuent à rester avec nous doit ruiner notre cause. Ceci paraîtra si manifeste aux esprits les moins cultivés, qu'il n'est pas nécessaire de faire le moindre raisonnement pour contenancer la chose, 5. Il n'est peut-être pas hors de propos de faire observer que depuis que cette manie de réforme s'est introduite parmi nous, un très grand nombre de nos frères se sont fait prendre aux charmes captivants de cette illusion. Par conséquent il n'est pas superflu d'ajouter, d'après les représentations faites au D. G. S. orale- ment et par écrit, que, laissant de côté cette obligation dont ils sont si tiers, mais qui est pour eux vide de s,ens, plusieurs Orangistes ont accordé leurs suffra- ges à des adversaires reconnus des institutions du pays et de l'existence de notre propre association. Cette conduite est si contraire, non-seulement à l'esprit, mais à la lettre de la loi qui devrait guider leurs actions ; elle est si opposée au double point de vue des sentiments et de l'honneur, aux votes qu'ils s'étaient engagés à donner, qu'elle nous a obligés de demander leur expulsion d'une association dont ils avaient trahi les intérêts et compromis l'existence. Comme citoyens, leur droit indiscutable d'exercer les franchises électorales, n'a jamais été mis en doute ; mais comme membres d'une institution formée dans un but de loyauté et de répudiation de ces tendances au libéralisme, ils auraient dû éviter une conduite aussi anormale qui est de nature à faire douter de leur intégrité et les expose à la déconsidération qui s'attache à une telle conduite. 6. A l'appui de ce qui précède le D. Gr. S. peut montrer un extrait d'une lettre qui lui a été adressée par le I). G-. S. de Eochdale, peut de temps après l'élection, et qui fait voir, mieux que tous les renseignements, le justesse des remarques par lesquelles il dénonce ce lâche abandon des vrais principes du pur Orangisme. Voici ce qui lui est rapporté officiellement par ce dignitaire : T. " Nul doute," dit l'écrivain, " que vous avez appris le triomphe que nous avons remporté sur le candidat Whig par l'élection de John Entwistle, écuier, de Foxholes, comme représentant de cette division. Cependant, même après avoir remporté la victoire, je ne suis pas entièrement satisfait, car trois de nos mem- bres ont voté pour le parti Whig contrairement aux règles de notre loyale institution. Les noms des personnes qui se sont séparées de nous sont : Eichard Simpson, du warrant 68 ; James Whittles, 266 ; et John Crossley, 302. Les membres de mon district demandent ouvertement l'expulsion des coupables. Je sympathise avec Crossley, parce que son patron l'a forcé à voter contre ses esntiments. J'espère que vous accorderez une indulgente considération à son cas, car je le crois sincèrement Orangiste. Je vous serais obligé de me donner votre avis sur la conduite que je dois tenir dans cette circonstance. A la prochai- 17 n« réunion de la grande loge, j'espère que vous soumettrez la qmestion aux dignitaires de l'association. En attendant, j'ai hâte d'avoir votre réponse." 8. Nous devons des éloges au D. G. S. de Rochdale pour nous avoir signalé sans délai, ces délinquants, ainsi qu'aux frères de ce district pour leur juste réprobation d'une conduite aussi indigne de leur société. D'autres faits d'un caractère semblable, mais moins graves ont été signalés au D. G. S. qui leur donnera une attention toute spéciale lors de sa prochaine visite d'inspection générale. Il est très bien renseigné sur les districts les plus profondément atteints et les maîtres qui paraîtront s'être prêtés à ces offenses, où ne s'y être pas opposas énergiquement, peuvent s'attendre à être remplacés. Un tel aban- don de principes de la part des membres et un tel éloignement du devoir de la part de leurs officiers, dans un moment de danger somme celui dans lequel nous nous trouvons, quand le trône et l'autel sont menacés, ne peuvent être tolérés impunément plus longtemps. Ainsi, pour faire un exemple et dans le but de prévenir plutôt que de punir que les deux principaux coupables soient expulsés et que celui qui a été si induement influencé soit suspendu. II. Le D. G. S. a maintenant une autre communication à faire plus en rapport avec les sentiments de l'Orangisme que les précédentes, et qui est non moins honorable pour le D. G. S. de Barnsley que pour tous les membres dont il a été chargé de surveiller les procédés. Avant les élections cet officier réunit ses forces et dans une courte harangue il fit une analyse des principes fondamentaux qui leur avaient été inculqués depuis leur enrôlement dans nos rangs. A l'aide de la tradition et de la loi écrite il leur expliqua comment leurs actes devaient être gouvernés dans ces occasions. Ainsi, pendant que leur cordial appui est acquis aux candidats dont les principes sont conformes aux doctrines conserva- trices, ils sont tenu de le refuser à ceux dont les idées sont défavorables au but légitime que nous poursuivons. En effet, c'est un devoir impérieux pour eux comme Orangistes, de soutenir ceux qui sont résolus à réparer nos vénérables monuments d'antiquité, au lieu de les détruire par d'iniques tentatives sous prétexte d'en enlever la poussière. Le résultat de cette conduite habile fut que tout le district, avec trois hourras chaleureux, se déclara prêt à voter conformé- ment aux enseignements qu'il avait reçus. Ceux d'entre les membres qui n'étaient pas électeurs s'engagèrent à faire tous leurs efforts et à prendre tous les moyens en leur pouvoir pour faire triompher la bonne cause." Telle était la ligne de conduite suivie en 1835 par la loyale association Cran giste de la Grande Bretagne. ON BLAME D'ABORD LES CATHOLIQUES ROMAINS D'AVOIR FAIT REJETER LE BILL Au sujet du bill actuellement devant la Chambre, lorsqu'il fut rejeté à la dernière session, il existait parmi les auteurs du projet une prédisposition à blâmer les députés conservateurs catholiques romains qui s'y étaient opposés et de tenir peu compte des protestants libéraux. Je pourrais référer à un discours que l 'non. député de Hastings-est, (M: White,) a prononcé à Ottawa, que l'hon. député de Montmagny, (M. Landry,) a lu dans cette Chambre et qui est reproduit dans le Hansird de 1883. Je référerai anssj à un discours de l'hon. député de Hasting-est, prononcé à Winnipeg et dans lequel il dit : " A la première lecture, la section catholique romaine delà Chambre avait montré beaucoup de sympathie, mais ces députés avaient été forces de voter re le bill, sans doute par les instructions qu'ils avaient reçues des évêques et des prêtres. Aucun pays ne devraient consentir à se laisser conduire par les évêques, les prêtres ou les ministres d'aucun culte. Les libéraux ont dit très B 18 peu de choses sur cette question. Les trois députés réformistes du Manitoba ont agi noblement rmais les autres étaient indécis sur la conduite à tenir. On me conseilla de consulter Mr. Blake, mais j'ai refusé de le faire parce que ce mon- sieur est un protestant ultramontain. " Plusieurs amis de l'ordre n'ont pas agi comme ils auraient dû. Ils ont oublié qu'ils devaient leurs sièges aux Orangistes, et ils ont craint que cela les tuerait de voter pour le bill. Je leur ai dit qu'ils signaient leur arrêt de mort quand même. " Le parti conservateur n'a pas été aussi fidèle à notre cause qu'il aurait dû l'être, mais je conseille de leur donner une nouvelle opportunité, sf le bill était rejeter une troisième fois, je demanderai le vote au scrutin secret. " Vous voyez là, monsieur l'orateur cette disposition dont j'ai parlé, à blâmer les Catholiques romains qui ont voté contre le bill et à passer légèrement, sur les libérax protestants, comme l'a fait l'hon. député à Ottawa. A Winnipeg, le major White à dit : " L'association n'a pas l'influence qu'elle devrait avoir parce que ses membres ne sont pas fidèles les uns aux autres. Les frères devraient voir a posséder des représentants sincères dans tous les corps municipaux ou législatifs. Par le passé, ils avaient adopté le principe large que la croyance religieuse d'un homme ne devait pas êtres un empêchement à ses préférences politiques ; mais par leur conduite en Chambre les députés catholiques romains ont démontrés qu'ils ne pouvaient pas représenter les protestants et encore moins les Orangis- tes." Là encore vous voyez les mêmes dispositions, une disposition à blâmer les député conservateurs catholiques romains de ne pas voter pour le Bill, à déclarer que c'est un projet de loi qu'ils devaient supporter, et à les ostraciser dans les question parlementaires et municipales. M. WHITE. Nous leur accorderons l'absolution avant les prochaines élections. M. BLAKE. Je suis heureux de voir que l'honorable député a le courage et la franchise de l'avouer. L'organe officiel de l'associatian Orangiste dit : "La bigoterie déployée lundi par tous les députés français et catholiques romains delà Chambre des Communes nous a ouvert les yeux et à l'avenir nous saurons ce que nous avons à faire. Comme nous l'avons déjà dit, bien que les réformistes aient agi follement et illibé- ralement, nous croyons qu'une excuse à leur conduite peut être trouvée dans l'état actuel de la politique Canadienne ; mais il n'y en a pas à la conduite des députés conservateurs catholiques romains. Et c'est sur eux que retombe en très grande parti la responsabilité de notre défaite." Ici encore vous voyez le plan adopté par les , auteurs du bill ; ils étaient décidés à accuser les catholiques romains — réformistes ou conservateurs mais surtout les conservateurs — d'être la cause du renvoi du bill, La Sentinel dit : " Depuis des années les orangistes de la Confédération, sous divers prétextes politiques, et pour répondre aux exigences des partis politiques, ont été induits à voter pour des catholiques romains ; mais l'intolérance bigote avee laquelle on a répondu à notre libéralité, lors du vote sur le bill, nous ôte toute possibilité de renouveler cette faute." Au sujet du chef du parti conservateur la Sentinel ajoute : 11 Le chet du parti conservateur a été aecusé de manquer de sincérité dans ses efforts pour faire passer le bill, bien que nous croyons que personnellement il a agi avec la plus grande sincérité envers nous et a employé toute son influence pour faire cesser l'injustice dont nous nous plaignons, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur le fait que c'est le premier bill depuis 1878, ayant son approbation et ses sympathies qui ait obtenu un si petit nombre de votes." Cela, monsieur l'orateur, c'était le point de départ. C'est le plan que les promoteurs du bill avaient adopté pour faire la campagne politique qui devait 19 Issnrer la seconde lecture du bill à cette session. Après leur défaite ils ont été assez honnêtes pour dire qu'ils ne pouvaient pas s'attendre à grand chose de la part des réformistes. Mais ils ont dit qu'ils avaient le droit de s'attendre à voir les députés conservateurs catholiques romains les appuyer, et dans les ■xtraits que je viens de lire, ils font voir les vrais principes de leurs principaux chefs quant a l'ostracisme qu'ils se proposent de prononcer contre les catho- liques romains, par suite du vote des députés conservateurs catholiques sur le bill. J'ai dit que dans Ontario la société Orangiste était principalement une organisation politique, et j'ajoute qu'elle fait passer toutes les autres considé- rations— ainsi le veulent les chefs — après les considérations politiques et de parti. Cela est démontré par la conduite qui a été suivie ensuite. On changea de tactique car on s'imagina qu'il ne servirait à rien d'accuser les catholiques romains conservateurs d'avoir fait d-i l'opposition au bill; que cela pourrait nirre à leurs alliances politiques; qu'on devait tout l'odieux de la chose sur les protestants libéraux et sur moi particulièrement, en ma qualité de ce qu'ils appellent un protestant uitramontain. Cela ne ferait pas l'affaire de continuer à diie que le mal a été fait par les conservateurs catholiques romains et d'empêcher ces derniers de revenir en parlement; et l'honorable député n'a pas attendu aux prochaines é ections pour leur accorder l'absolution II accorda l'absolution sur le champ et mit la faute sur nous, dont pendant quelque temps il disait avec assez de raison, qu'il ne pouvait pas attendre grand chose. Et pourquoi cela a-t-il été fait? M. WHlf E (Hastmgs). Lisez ce que j'ai dit. M. BLAKE. J'ai lu ce que l'honorable député a dit, et il n'est pas encore satisfait. Je ne puis pas lire tous ses discours, mais je vais essayer de le contenter. Immédiatement après le renvoi du bill il y a eu à Ottawa une ,'issemblée dont j'ai déjà parlé. A cette assemblée on lui présenta une adressa dans laquelle il était dit : " Ce qui a eu liou en parlement au sujet du bill pour constituer légalement l'Association Orangiste, nous donne une leçon amère mais salutaire et qui portera des fruits en temps opportun. Tout en repoussant tout esprit d'intolé- rance nous déclarons dès aujourd'hui que les catholiques romains doivent se préparer à récolter ce qu'ils ont semé, et si nous sommes de si grands per: ur- batcurs de paix qu'ils le disent, à l'avenir nous nous abstiendrons de vo'er pour eux, et nous les priverons ainsi de la possibilité de nous humilier en r . sant de nous accorder les mêmes droits que nous leur avons si souvent acco;Uv0 de grand cœur." La réponse de l'honorable monsieur fut comme suit: " Plusieurs conservateurs m'ont demandé et m'ont supplié de ne pas les ruiner, ftais j'ai repondu que je serais fidèle à l'Ordre avant tout. Une autre erreur été d'élire un Français à Russell et un Irlandais catholique, (Mr. Rasker- fele,) dans la ville d'Ottawa. J'ai maintenant honte de mes actions ; je crois fceles Orangistes me pardonneront de leur avoir demandé de voter pour Basker- , ville. Il y à très peu de Hawkins. Un député catholique romain, dout je tairai le nom m'a déclaré privément : " Comment puis-je voter,pour ce bill quand le prêtre dit qu'il a reçu du Pape le pouvoir de damner tous ceux des électeurs qui voteront pour un député qui aura soutenu un bill semblable." Si les conser- vateurs ne veulent pas nous être fidèles soyons réformistes. Nous sommes ■ttjourd'hui entre le diable et l'abîme— entre les catholiques romains et les réfor- mistes." M. WHITE. (Renfrew) Un mot; je crois que l'honorable monsieur lit cela dans le Free Press d'Ottawa. 20 M. BLAKE, Je lis dans le Hansard. Je re sais pas où ce rapport a été mais 1 a été lu en chamb e et '!; déj é e l'a pas renié, "Je remercie sincèrement les, réformistes qui ont supporté le bill. Je que Mr. Blake a fait une faute en votant contre la seconde lecture. Il a p< l'occasion de s'emparer du vote compacte des Orangistes d'Ontario. " ON BLAME E" SUITE LES LIBÉRAUX. politique est. sui vaut eux, ta île raiso n'administrent l'ordre qu'au point de vue ote i Matoenant, monsieur TOrateur, comme je l'ai dit, les politiciens tories dirigent et contrôlent la mlasse d< s Otan.^i t s n'Opta 10, ont cru qu'il ne se pas hab:le de continuel à bâta tnt.re le s, et comme de l'O de; comme de gande en fav de leur politique, ils ont décidé de change de conduite; la ulte cor conservateurs çatnolques fut aban mm . et les canons f. eut tournés con nous. Cela oie rappelle .l'histoire du duel irlandais. Le p- 1 m er ministre l'honorable ministre des douanes d\;n colé et honoable minière des T ava Publies et lhuno abie ministre du revenu de ('Intérieur d côté se s rencoinr. s dans un café avec des intentions hos i e-. Is étaient décidés continuer le combat jj qu'au bojt; et le pa. vre ci-ent mnoc ut qei d -jeun tranquiii un rt à l'e.aie .-.npéiie ir l'iii b en éiO'ine de recevoir dans la jam une balle qui ava t. traversé le plafond. Il s'informe de C" qui «e pa se et garçon répond: Ce n'est nue M. Moriarly e le capitaine O'TeoIe qui s batte en duel, mais g" âne à Dieu ils ont, tous deux tiré en l'ai . Le mo sieur q était en ha ut avec une b« » a a jambe ne remercia pas ia Providence c1 tout. Ce duel ent;e i' D emier ministre et le inihs.re ces douanes d'en cô et le mm'stre des Travaux Publics et le ministre du revenu de l'Intérieur i l'autre côté; ce te grande démens' ration d'host l;té en votant carrément 1 uns contre les autres; toute cette flamme et cette fureur, ce sang et ( tonnerre ; ton les ces menaces de mas ace sa sont terminés par de- coups en l'ai qui sont allés b esser le pauvre garço i finocent du naut, qui n'avait rien faire dans cette bagarre. Je ne veux pas êire ftaopé sans prpte ter. Gomm je l'ai dit, i s ont changé de terrain. Ils ont dec de qu'i s ve r, batteraient pa "les uns contre les a h es. mais nou at a j r i n; ; e. qu ;i e t leur aigu n nt présent'' Leur a gument c'est que la utte sur ee b li • st une lutte entr Catholiques et Pioies.a.Mt-, e: qn to s i - v a s prottstauts dovent s'i mr pou supporter le bill contre les catholiques Vo là l'argumen ; vui à la p opes rion Vous ne pouvez pas sort r d la. Si on ne corsent j as a c la on nous d« a uan nos associât on â religieuses, au niiheu de ceux avec qui no s sommes à relation, et avec q i non? p- t cipons aux actes r igie résentants Orangistes et protestants étaient divisés. U a conseillé l'organi- ion et l'entente entre tons les représentants protestants sans distinction de itique, afin de refouler la marche envahissante de la papauté dans notre chère ^fédération." CSelan'etpis ieux J^ n* r v - pas tes nc^ideis éteins des anciens îrs. Ce! • a été p b 'é le 4 janvier 1333 f le d cm. s a été prononcé e 29 mbiv 1332. Pais dans i ' Sentinel I ! 12 j 11 1883 on oj/e C3 qui sait : M \ Blake est l'homme le plus émineht de la Chambre qui ait voté contro bill. Il est, de tout les protestants, celui dont nous attendions le moins un vote. Il est pardessus tout, en vertu de son titre de chef de Popposmon, celui dont vote contre le Bill a influencé le plus grand nombre de ses collègues a voter mine ils Pont fait en violation des justes droits d'une grande partie de leurs mettants. < Mais M. Blake, par son vote, a mis la grande influence qu'il possède dans la ambre contre le bill et a aussi assuré son rejet. Il s'est mis en contradiction ec sa prétendue défence des droits d'Ontario', il a montré la fausseté perfide de \ principes protestants. La position qu'il occupait dans la Chambre, sa profes- n de protestantisme, sa défence des droits d'Ontario, en font un point de re facile pour les censures des Orangistes a propos d'un vote qu'il n'aurait nais donne s'il était fidèle à ses principes et à ses professions de foi." Enco-e nie f.U vois . vez la 1 ■•■• a ■ Lion [de c1 » une <\ ie-t on entre ^testants tci ho q es e1 q fun p ot • t il ma iq • • s * p i C n<^ s'il vote Être le b l1. I,- Sentinel p b ore ne • s ïù io tdb e pi .:• u'rïe loge: \{ La conduite des députés catholiques romains qui mettent la religion avant parti ne nous surprend pis. mais nous condamnons fortement ces députés i mettent le parti avant la religion." Lu encore . n u t'a un q i ->ti n r •: ge.js\ 0 i nous dit q e nous avons j'té pouf i otre narti po tq e coure nos pri c ies re gie x. Lu. loge d1 Ch i : étai;i particulièrement con'.re fiiuinbie p rso nag qui vo |s açire se a paiole en ce moment ; RNous cadamnnns particulièrement l'action de Phon. Edward Blake qui en )tani pour le bili lors de la première lecture et contre à la seconde, a montré Pil désirait plutôt causer de- embarras i ses adversaires politiques que rendre stice à une grande partie de ses coréligionaïres protestants: nous considérons l'en badinant ainsi avec la question il a insulté notre ordre et s'est rendu indigne du nom qu'il porte, en sa qualité d'ultra protestant et aussi vu la hau position qu'il occupe comme chef d'un des soi-disant grands partis politiques ce pays." Encore une fois, ma conduite bien innocente, pour laquelle je ne croya pas être blâmable en accordant à ce bili ce q ne j'ai accordé à tous les autr bills, depuis que je suis en parlement, et que je me propose d'accorder à toi les bills raisonnables, la courtoisie d'une première lecture, et la chance d'ur discussion loyale, lors de la seconde lecture, cette conduite est qualifiée badinage. Des honorables députés de l'autre côté, des membres de l'ordi viennent nous demander de n'être pas si injustes que de voter contre première lecture. Ils nous font remarquer que le vote sur la première lectur n'est pas sur le mérite de la question, mais seulement pour lui donner chance d'être discuté. J'ai cru qu'ils avaient raison ; j'ai consenti à 1er demande, mais la loge de Churchill me blâme, et beaucoup de membres d| l'ordre disent que j'ai eu tort. L'honorable député de Brockville (M. Woo aurait dit, prétend-on : " Nul doute qu'il y a danger dans l'air et les Orangistes d'Ontario devraie devenir le parti protestant ultramontain d'Ontario en opposition au parti d catholiques romains ultramontains de Québec." Puis Fhonorable député de Hasting (M. Whit< ) lui-même a dit à Woodstock " Le jour n'est pas éloigné, si nous ne montrons pas plus de hardiesse et d courage à résister à l'influence croissante de la papauté dans cette province, où nous faudra combattre, non pas comme conservateurs ou réformistes, mai comme protestants pour nous débarrasser des entraves que les agents de Eom( cherchent à mettre à nos institutions et à nous-mêmes." M. Marshall, à Winnipeg, disait: " Le bill pour constituer légalement l'ordre des Orangistes n'a pas été rejet* par les catholiques romains, mais par les protestants qui sont venus complai samment grossir le vote catholique. J'espère que le frère White ne demander* jamais à un député catholique de voter pour le Bill, car il ne peut attendre aucur appui d'eux, et s'il l'a fait il leur supposait plus d'honnêteté que n'en ont gêné ralement les politiciens." Je crois qu'il n'y a que quelques jours, le 11 mars courant, uns réunion spéciale de la loge au comté de Middlesex fut convoquée et il a été résolu : " Que la loge de comté du comté de Middlesex de la loyale association Oran giste est d'opinion que ceux qui l'an dernier ont voté en faveur du bill nous constituant légalement, n'ont fait que leur devoir en se montrant disposé à nous accorder des droits que nous Orangistes sommes toujours prêts à accorder à tout loyal sujet de Sa Majesté ; et que nous n'avons pas d'expression pour exprimer suffisamment notre desapprobation de la conduite de ces représentants protestants, surtout ceux d'Ontario, qui dans un but politique nous ont refusé à nous, leurs coreligionnaires, ces droits qu'ils sont toujours prêts à accorder aux catholiques romains, par flagornerie. Qu'il soit résolu de plus, que nous les représentants des Orangistes, du comté de Middlesex, ne serons satisfaits que lorsque pleine justice nous aura été rendue sur cette question de la constitution légale de l'ordre, notre devise étant ' pas de soumission ni compromis ' et qu'une copie de ces résolutions soit transmise aux journaux." Ain>i, monsieur l'orateur, je crois avoir démontré que le plan d'attaque avaiti été changé. Ils ont élé obligés d'abandonner cette ligne de conduite qui consistait à combattre leurs amis politiques et leurs adversaires religieux qui, disaient ils, auraient dû appuyer le bill et qu'ils voulaient ostraciser pour ne ; 23 l'avoir pas supporté. Ils l'ont abandonnée pour frapper sur leurs adversaires politiques en représentant cette question comme une question politique en faveur de laquelle tous les protestants devaient s'unir» et contre la seconde lecture de laquelle aucun homme ayant de véritables principes protestants ne pouvait donner ou répéter un vote. " Cela peut être vrai ; mais si c'est vrai, je demande à cette chambre, sans distinction de croyance ou de parti, n'est-ce pas un étrange état de chose. N'est il pas étrange qu'une guerre religieuse droive éclater dans ce pays ; car c'est ce que cela veut dire. Si, comme question de fait, cela est vrai, nous sommes dans cette position, que tous les protestants devront se rangar d'un côté et tous les catholiques romains de l'autre; et moi un fervent protestant on vient me dire que je suis infidèle à ma croyance, que je manque à mes principes protestants si, sur ce bi 11, je ne vote pas avec les Orangistes et contre les catholiques romains; n'est-ce pas là un état de choses sérieux? Si cela est vrai, je dis que tout ami véritable de ce pays doit déplorer un tel malheur et en prévoir de grands maux pour le pays. M. WH1TE (Hasting) Vous forcez un peu les choses et laissez la bride à votre imagination. M. BLAKE. J'ai lu les textes et ie certifie que les conclusions que j'en tire sont pleinement justifiées. Mais, monsieur l'orateur, je nie complètement que que nous soyons dans une telle alternative. Je nie que nous soyons dans une telle position, et je dis à l'honorable monsieur de l'autre côté que quelques soient ses menaces, qu'il prétende que mes paroles me feront du bien ou du mal, il ne réussira ni à me séduire, ni à m'effrayer, ni à m'entraîner dans \e telles alternatives, dans de telles déclarations. Toujours d'après ce même plan d'attaque qui consiste à soulever les préjugés religieux contre ceux qui sont contre le bill, l'honorable monsieur et d'autres m'accusent d'être sous le contrôle de l'archevêque de Toronto. M WHITE. (Hastings). C'est vrai. M. BLAKE. Je dis à l'honorable monsieur qn'il affirme un fait?qui n'est pas conforme à la vérité. Bien que la déclaration qu'il vient de faire dans la chambre me dispense de prouver mon assertion, je vais en donner la preuve, comme je l'ai fait pour les autres points. Il a dit : " M. Mowat était contrôlé par l'Archevêque Lynch, et ils doivent en venir à la conclusion qu'il contrôle aus6i M. Blake. Nul doute que les ordres partaient du Palais de Toronto et que les grands hommes d'Etat réformistes obéissaient." Aussitôt après avoir lu ces paroles de l'honorable monsieur j'ai pris la résolution de le rencontrer ici face à face et de tirer la chose au clair avec lui, et c'est ce que je vais faire. Ce n'est pas tout. Le révérend frère Wright, à une assemblée a Leeds a dit : 14 Ils (les Orangistes) n'ont pas été battus au parlement, par les catholiques romains seulement, mais grâce au concours des politiciens d'Ontario qui appré- cient plus les sourires de Eome que l'approbation de leurs compatriotes pro- testants. Le bill a été rejeté par ce que l'Archevêque Lynch a dit : non, Christ- opher Fraser a répété : non, et Edward Blake s'est incliné et a murmuré : non." Il a aussi voté a non " la dernière fois, et je crois que l'honorable monsieur admettra que son vote négatif, ce soir, n'est pas donné dans un murmure. M. WHITE (Hasting). C'est moi qui vous ai conduit là. M. BLAKE. Vous m'avez coi.duit là! Conduisez-vous vous-même. A Winnipeg l'honorable monsieur a encore dit : 44 Malheureusement l'Archevêque Lynch tenait M. Mowat pieds et poings liés, et on a même dit qu'il avait une forte prise sur M- Blake. Espérons que notre propre chef conservera ses habits propres." UN DÉPUTÉ. 11 n'a pas confiance dans la race. 24 M. BLAKE. Mon honorable ami dit qu'il n'a pas confiance dans îa race. J'ai eu l'honneur depuis longtemps de faire lajjconnaissance de sa g âce, l'archevêque de Toronto, et comme nous sommes tous deux Irlandais j'espère que je puis même me dire son ami, mais jamais, ni directement, ni indirecte- ment par moi-même ou par d'autres, par paroles ou par écrit, en aucune manière je n'ai eu le moindre entretien avec i'archevêque Lynch sur aucun sujet politique de quelques nature qu'il soit, non seulement celui ci, mais tout autre sujet. A moins qu'il ne l'ait fait savoir publiquement, j'ignore si ce prélat entretient les mêmes opinions que moi ai sujet du bill des Orangistes, ainsi que j'ai remarqué que le députe de Hasting avait dit au sujet de l'archevêque Taché, c'est à dire qiril était en faveur de son adoption. Je déclare qu'en cette occasion, comme dans toute autre l'ai agi entièrement d'apès mon propre jugement, et à l'abri je ne dirai pas de tout ordre ou conUoe, mai* tenta ive d'ordre de contrôle, de conseils de suggestion, d'informations, de renseigne ments tentant à me faire connaîtra 1 s ooinions de ce pr- ht, de tout autre prélat ou d gr.itaire de la religion catholique romaine, sur c sujet. Jai agi d'après les convictions que je ossède'depu s que je su s entre dans \n vie pun îc, des convictions que l'or; sait que je possédas dans h législat ire locale, et q e j'ai eu occcts on d'ex lim-!-, non pas dans a Chambre, mais ei présence ues principaux membres, lorsquton s'attendait à ce que la question se présenterait devant ous au si jet d'une atutre société -ecrète, et c^-s convictions sont hosti es à i'ereciion légale des associations secrètes, hos.ile à l'érection légale de l'association Orangste. Ii est par fa te ment vrai que je suis, comme l'a dit l'honorable monsieur, un protestant et il est vrai aussi — je suppose que c'est Là ce qu'on entend par ce mot ultromontain — que je sois de cette école qui est la ; lus opposée à ce que je crois être les erreurs dogmatiques de .'Egnse de Rome. Cria est parfait - ment vrai. Je proteste contre ce que je prétends être ses erreurs ; mais je suis en même temps un partisan chaleureux de la liberté des gultes ei de l'égalité et de la liberté de conscience. RÉCENTES DIFFICULTÉS POLITICO-RELIGIEUSES DANS LA PROVINCE DE QUÉBEC. Comme les chefs de l'ordre Orangiste d'Ontario prétendent que cette province est gouvernée politiquement par le clergé catholique romain et qu'elle doit être délivrée de la dominât1 on du clergé catholique en renversant M Mowat, je fais r marquer qu'ils parlent quelquefois de la province de Québec et de la manière dont elle est gouvernée. Je désire aborder cette question avec la même franchise de paroles, bien que je puisse depiaire à plusieurs de ceux dont j'avais l'approbation tout à l'heure. Je dis que cette prétention d'êt *e les seuls porte-drapeaux des principes protestants, et d'établir une règle à laquelle tout protestant est tenu de se soumettre à moins de manquer à ses principes, n'est pas un attribut exclusif de cette association, telle que la comprennent ses chefs dans Ontario. J'ai parlé de Québec; eh bien, dans cett> province, il y a eu pendant longtemps des personne^— quelques-unes seulement, je suis heureux de le dire -qui ont travai.ié a imposer ce régime au profit de leur propre parti, qui ont émis des prétentions outrées sur les droits du cierge à se s rvir de son influe ce dans les élections; qui ont cherché à entraîner le clergé dans l'arène politique ; qui ont cherché à défigurer le sens de certaines règles générales posées par les autorités ecclésiastiques et en tirer la condamnation d'un parti politique; qui ont cherché à défendre la préiention que le clergé devait refuser les sac: ements aux fidèles pour cause de leurs votes; qui ont voulu faire rappeler la loi contre l'influence indue, quant à ce qui regardait le clergé; et il n'y a aucun doute que les efforts de ces personnes ont été par le 25 iassé couronnés d'un certain succès. Dans plusieurs comtés on a exercé une p>rte pres> o.i contre les candidats de notre parti, sous prêt s'es qu'ils étaient "es libéraux cathol'qnps; la lutte a été vive et a eu p ur résu tat 3e met re ce pai'ti dans un état de fa ib esse dont il ne s'est pns encore complètement relevé. Les membres de ce parti sj sont alors adressés à trois trbdia x, h l'opinion bublique, aux tribunaux du pay? et aux plus hautes autorités de leur ég'ise. Ils ont livré une longue et vive" bataille qui â atte nt -ou ?pogé-, [>eutêtVe dans la période comprise en 1875 -t 1881. L'opinion publique, un des tribunaux uxquel il> en ont appelé, d vint très mo itèe dans la province de Québec, et beaucoup de protestants d' cette province ont abandonne leurs principes pohtiq es et on! changé dt pourquoi afin de réparer de si grands dommages il faut surtout en extir- per la racine. Or. la cause de sj graves inconvénients >e trouve dans la division de ces évêques entre eux, tant au sujet de la question politique qu'au sujet d'autres questions qui s'agitent en ce moment en Canada. "Afin donc de mettre un terme à ces dissension si regrettables, il sera néces- saire que ces évêques, de consert avec Monseigneur le Délégué Apostolique envoyé au Canada, s'entendent pour déterminer une ligne de conduite à suivre par tous et chacun d'eux à l'égard des partis politiques. " Une autre cause des mêmes inconvénients se trouve dans l'ingérence du clergé dans les affaires politiques, sans se soucier assez de la prudence pastoral. Le remède convenable à cet excès de zèle, c'est de rappeler à ces évêques ce qui leur a déjà été recomandé par cette Suprême Congrégation, mercredi, 29 juillet 1874, à savoir que, à l'occasion des élections politiques ils se conforment dans leurs conseils aux électeurs à ce qui se trouve décrété dans leur Concile pro- vincial de 1868. " Il faut ajouter que l'Eglise en condamnant le libéralisme n'entend pas frapper tout et chacun des partis politiques qui par hasard s'appellent libéraux, puisque les décisions de l'Eglise se rappotent à certaines erreurs opposées à la doctrine catholique, et non pas à un parti politique quelconque déterminé, et par consé- quent, ceux-là l'ont mal qui, sans autre fondement, déclarent être condamné par l'Eglise un des partis politiques du Canada, à savoir, le parti appelé réfor- miste, parti ci devant chaudement appuyé même par des évêques." "Enfin, pour ce qui regarde l'objet principal des doutes proposés, à -avoir, quelle mesures il y a à prendre relativement aux catholiques qui, pour cause de .prétendue ingérence indue du clergé dans les élections politiques recourent au tribunal civil, on ne peut donner à ce sujet une règle générale aux évêques et il appartiendra en conséquence à qui en a l'office, de pourvoir en chaque cas, à la conscience de celui qui a fait ce recours. Que les évêques prennent donc des mesures nécessaires pour sauvegarder l'honneur du clergé, ayant soin surtout d'empêcher autant que possible que de> personnes ecclésiastiques -oient obligées \ de comparaître devant des juges laïques." •' Il faudra enfin exhorter les évêques à obserVer par rapport aux affaires politiques la plus grande réserve, eu égard particulièrement au danger qu'il y a de provoquer à une guerre violente Contre l'Eglise les protestants déjà inquiets et irrités contre le clergé sous' prétexte d'ingérence indue dans les! élections politiques." " En outre, il faut faire en sorte que le clergé évite toujours de nommer les personnes en chaire, encore bien plus si c'est pour les discréditer à l'occasion des élections, et qu'il ne se serve jamais de l'influence du ministère ecclésiasticque pour des fins particulières, si ce n'est lorsque les canditats pourraient devenir nuisible aux vrais intérêts de l'Eglise." Pais, monsieur l'Orateur, cela fut suivi de la lettre pastorale et la circulaire qui ont été publiées après l'arrivée du délégué apostolique, et après qu'une entente eut eu lieu avec lui en 1877. " La gravité des événements qui se sont succédés depuis les dernières élections générales et les difficultés nombreuses et diverses auquelles ils ont donné lieu, nous font un devoir de nous rappeler brièvement, nos Très Chers Frères, les principes et les règles de conduite qui vous ont été donnés jusqu'à présent dans nos Conciles, nos circulaires et nos Pastorales, et notamment dans celle du 22 septembre 1875. " Le neuvième décret du quatrième Concile, en 1868, expose en ces termes nos obligations comme électeurs: "Que les pasteurs instruisent avec soin les fidèles sur leurs devoirs dans les élections; qu'ils leur inculquent fortement que la même loi qui confère aux citoyens le droit de suffrage, leur impose en même temps la grave obligation de donner ce suffrage quand c'est nécessaire et cela toujours suivant leur consience, sous le regard de Dieu et pour le plus grand bien de la religion et de la patrie : qu'en conséquence, les électeurs sont toujours obligés en conscience devant Dieu, de donner leur suffrage au candidat qu'ils jugent être véritablement honnête et capable de bien s'acquitter de la charge si importante qui lui est confiée, savoir de veiller au bien de la religion et de l'Etat et de travailler fidèlement à le promouvoir et à le sauvegarder." Puis après avoir rappelé ce qui a eu lieu en 1873 et 1875 et avoir donné des conseils au sujet des doctrines libérales catholiques, la lettre pastorale ajoute: " Malheureusement et contre notre intention quelques-uns ont cru voir dans ces documents un abandon de la région des principes pour descendre sur le ter- rain des personnes et des partis politiques. Nous avons voulu vous exposer la vraie doctrine sur la constitution et les droits de l'Eglise, sur les droits et les devoirs du clergé dans la société, sur les obligations de la presse catholique et sur la sainteté du serment : tel a été notre unique but, telle est encore notre in- tention. En cela nous suivons l'exemple du Saint-Siège, qui en condamnant les erreurs du libéralisme catholique, s'est abstenu de signaler les personnes ou les partis politiques. Il n'existe en effet aucun Acte pontifical condamnant un parti politique quelconque ; toutes les condamnations émanées jusqu'à présent de cette source vénérable, se rapportent seulement aux catholiques-libéraux et à leurs principes, et c'est dans ce sens que l'on doit entendre le bref adressé en sep- tembre 1876 à l'un de nous. A l'exemple du Souverain Pontife et suivant la sage prescription de notre quatrième Concile, nous laissons à la conscience de chacun de juger , sous Je regard de Dieu, quels sont les hommes que ces condam- nations peuvent atteindre quel que soit d'ailleurs le parti politique auquel ils appartiennent." De plus, monsieur l'Orateur, j'ai dit que le clergé avait reçu en même temps une circulaire dont je citerai un ou deux extraits: " En analysant le IXe décret du quatrième Concile et le XVIII du cinquième, nous trouvons que le clergé doit se borner à instruire le peuple de ses obligations en temps d'élection, lesquelles sont les suivantes : lo. De voter lorsque des rai- sons suffisantes l'exigent; 2o. De voter suivant sa conscience et sous le regard 27 de Dieu, en donnant son suffrage au candidat qu'il juge prudemment vraiment probe et capable de remplir son mandat, qui est de veiller au bien de la religion et de l'Etat, et de le procurer fidèlement ; 3o. De ne pas vendre son suffrage ; 4o. D'éviter l'intempérance, la calomnie, le parjure." Un autre passage se lit comme suit : 11 Quand vous aurez ainsi expliqué à votre peuple les principes qui doivent le guider dans son choix, laissez à la conscienee de chacun le soin d'en faire l'ap- plication aux personnes et aux partis. Et quand un pénitent vous dira qu'il a voté en toute conscience et sous le regard de Dieu, ne révoquez pas en doute sa bonne foi et mettez en pratique cet axiome bien connu : Credendum est pœnitenti tampro se, quam contra se dicenti." La circulaire ajoute : " Le décret du quatrième Concile vous défend implicitement d'enseigner en chaire, ou ailleurs, qu'il y a péché à voter pour tel candidat, ou pour tel parti politique. A plus forte raison vous est-il défendu d'annoncer que vous refuserez les sacrements pour cette cause." u Du haut de la chaire ne donnez jamais votre opinion personnelle." " N'assistez à aucune assemblée politique ou ne faites aucun discours public sur ces matières, sans la permission de votre Ordinaire. " Si vous avez le droit de voter, vous pouvez en user, mais que ce soit avec prudence et sans ostentation. Il convient que vous choisissiez le moment le plus favorable, que vous n'attendiez pas au dernier instant où l'excitation est toujours plus vive, que vous ne restiez pas auprès du lieu ou se fait l'élection. " A ceux qui viendront vous consulter privément, répondez avec prudence, avec calme, sans entrer dans des discussions compromettantes pour votre carac- tère ; car vous savez que les paroles les plus innocentes et les plus vraies sont exposées dans ces temps-là à être mal comprises, mal interpréter, mal rapporter. Et même si vous voyez que l'excitation des esprits est extraordinaire, la prudence vous engagera à répondre simplement que ce que vous avez dit en chaire doit suffire pour les guider." Ces documents, M. l'Orateur, renferment, je puis le dire, des observations dans lesquelles les pasteurs de l'Eglise Catholique Romaine donnen , je crois, un exemple admirable aux pasteurs des autres dénominations religieuses ; je veux surtout parler de ces recommandations contie la vente du suffrage, contre la corruption, contre l'intempérance, contre la calomnie et contre le parjure. Allons plus loin. Je ne me borne pas entièrement aux déclarations de ces dignitaires ecclésiastiques. Vers la même époque, il s'éleva une discussion dans ce parlement, et je désire démontrer que les opinions blâmées par ces documents n'étaient pas celles de tous les Catholiques romains, même du parti conservateur. Le II février, je crois, 1877,1e sénateur Masson, alors membre de cette Chambrp, parla ainsi : " L'honorable monsieur dit dans sa lettre que le parti avec lequel je marche est contrôlé par un pouvoir qui a déclaré que la liberté d'opinions est un péché capital. Je dis, M. l'Orateur, que ceci n'est ni plus ni moins qu'une calomnie contre le parti conservateur ; et, en ma qualité de conservateur et d'ultramon- tain, comme m'appellent les honorables députés de la droite, de la province de Québec, en ma qualité de chef des Ultramontains, je dis que les conservateurs de la province de Québec — et je parle après mûre réflexion — sont prêts à accorder au clergé de la province, sur les questions religieuses, cette soumission et cette confiance que notre croyance nous oblige à leur accorder ; et sur les questions qui se rapportent au progrès matériel du pays et aux affaires politiques du pays, 28 nous sommes prêts, et nous serons toujours prêts à donner aux opinions de ces messieurs les égards qu'elles méritent, eu égard à leur haute intelligence, à leur grande vertu et à leur désintéressement; mais nous ne sommes pas disposés à concéder davantage." La quest.o » nV tait pas finalement réglée. En dépit de ce qui avait été dit, la discussion cont-nua La question Lit encore Soulevée, et ;o îlevée dans des quartiers passablemei tir fin ûts, par le parti conservât ur de Qieb c, relative^ ment à la oi concerna»!' i'mflUence indue; et j ^ sr-n is qu'il éta tde moi devoir -pensan que ia question pourrit devenir grave; et désiranl >x;3iimer mes opinions, vu que mes paroies nourra entexer'cep une c tain nflue ce sur mes conatoyens— de parler moi u eue sur ce suj t. ; et cVst ce q i j fis, en 1877, dau^ e viliage de Tjeswiter Oii me permètt a de citer l'extrait suivant de ce discours : " Une autre demande d'un caractère très différent nous a été faite par des personnages très distingues, à f 'effet de modifier la loi concernant l'influence indue. Or, la ba>e de nos institutions représentatives, c'est que nos élections soient liores. Chacun de nous est appelé a abandonner à la majorité sa part de contrôle aans les affaires publiques, parce que ce.te renonciation' est nécessaire, car nous ne pouvons arriver à une décision que par ce moyen ; mais aiL>si dans l'hypothèse, sans laquelle la demande serait tout à fait injustifiable, que. tous ayant un intérêt commun, et chacun parlant librement pour lui même, l'opinion de la majorité doit probablement êire plus juste, doit probablement représenter plus Mèïetnerit ce qui serait avantageux au public que l'opinion de la minorité. Voiià le principe fondamental. Or, ce principe fondamental n'est nullement observe, si le voie n'est pas l'expression fidèle de l'opinion-, de l'électeur, mais s'il est l'expression de l'opinion d'un autre qui a une manière de voir opposée à la sienne. Si cette opinion, au lieu d'être la sienne, est celle de son maître, de son propriétaire, de son créancier, ou de son pasteur, ça n'est pas son suffrage, c'est celui d'un autre, et nous ne sommes pas conformes au vote libre de nos conciteyens, mais peut-être à celui d'une très petite minorité, qui a décidé ce que sera le vote du plus grand nombre. Do cette manière, la base de nos institutions représentatives serait détruite, si nous lais-ions substituer de force à nos opinions celles de nos maîtres, créanciers, propriétaires ou pasteurs. Pour cette raison, outre les amendes décrétées contre l'exercice de l'influence indue, nous avons déclaré que le vote de celui qui aura ainsi éié influencé d'une manière indue sera nul et de nul effet, et que les élections gagnées au moyen de sem- blables influences indues seront annulées. Je ne puis, si je suis propriétaire, dire à mon locataire : * Locataire, si vous ne votez pas pour mon candidat, je vous mettrai à la porte à l'expiration de votre terme.' Bien que je puisse avoir le droit de le mettre à la porte à l'expiration du terme, je ne puis néanmoins lui signifier que j'exercerai ce droit pour cette raison. Si je le fais, le vote sera annulé comme n'ayant pas été donné librement. Si je suis créancier, je ne puis dire à mon débiteur : 'j'exigerai immédiatement ie paiement de cette dette si vous ne votez pas dans Je sens que je le désire,' bien que je puisse avoir le droit d'exiger le paiement de ce qui m'est dû. Si je suis maître, je ne puis dire à mon employé 'Si vous ne votez pas avec moi je vous congédierai à l'expiration de votre engagement,' bien que la loi ne puisse pas m'obliger à le garder à mon service. On a trouvé nécessaire dans tous ces cas d'empêcher que les rapports dont j'ai parlé ne devinssent un moyen d'influencer d'une manière indue le suffrage, afin que ce grand principe cardinal de notre constitution— la liberté pour chacun de voter suivant sa propre opinion— pût être conservé intact II est vrai que le propriétaire, le créancier et le maître ont chacun le droit de parler et de persuader par des arguments; et la confiance dont ils jouissent peut être de nature à induire l'électeur à changer d'opinion ; mais entre les 29 arguments, la persuasion, la confiance qui peuvent amener un changement dans l'espril et l'opinion de l'électeur, et cette contrainte qui le force à voter contre son i ppiDÎOD, sur la menace de quelque perte ou amende, ii y a m ence considérable et palpable, et c'est I » la différence qu'établit la loi. S'il est une religjpn dont le ministre est censé avoir le pouvoir, en accordant ou en refusant rites, on mt certaines déclara ion-, d'influer sur l'état du votant, après l.i. mort de ce dernier, n'est il pas parfaitement évident que la menace de pareils résultats pour le votant s'il ne vote pas suivant l'opinion de son pasteur pourrait être infiniment plus puissante qu'aucune des autres menaces que j'ai mentionnées — d'exiger le paiement dune dette, d'expulser un locataire ou de congédier un employé ? Et d'une pareille menace ne serait-elle pas soumise à la même objection ? Je suis loin, à la vérité, de vouloir dire que les questions pratiques ne devraint pas être traitées d '.après les principes Chrétiens. Quelles que puissent être les difficultés et les divergences d'opinion quant aux dogmes chrétiens, il y a, heureu>ement, très peu de divergences d'opinion au sujet de la morale Chré- tienne. Nous sommes heureusement unanimes dans ce pays a reconnaître théoriquement — quelqu éloignés que nous puissions être d'observer réellement — les grandes doctrines de la morale chrétienne que nous enseigne l'Evangile; et je croi.s que les questions politiques de ce pays devraient être traitées d'après loctrines. .No- espérances seraient faibles, à la vérité, et notre espoir en l'avenir serait sombre, s'ils ne reposaient pas sur l'arrivée de ce jour glorieux où ces principes seront vraiemeut, pleinement et réellement reconnus— si nous ne comptions pas sur l'accomplissement de ces promesses, que " les royaumes de ce monde <><- i les royaumes du Seigneur; " que les nations ne s'armeront pas cp tre les nations, et qu'elles n'apprendront plus à faire la guerre;" si nous n'attendions pas le jour où la loi humaine de l'égoïsme et de la haine sera remplacée par la loi divine du sacrifice de soi-même et de l'amour. Mais tout en espérant ei en tâchant d'obtenir l'accomplissement de ces choses, nous ne devons pas oublier les leçons du Grand iMaitre et du Grand Modèle. Lorsqu'on l'a interrogé sur des affaires temporelles; lorsqu'on lui a demandé s'il fallait payer le tribut à César, Il a répondu ; .Rendez à César ce qui appartient et à Dieu ce qui appartient, à Dieu.' 11 a posé le principe, et en a laissé l'application au peuple— a ses interrogateurs. Et encore, lorsqu'on Lui demana de régler un digèrent qui s'était élevé entre deux frères à propos d'un ,11 leur dit: 'Homme, qui m'a fait votre juge ou diviseur? Voilà quelle était Son opinion relativement aux devoirs d'un ministre de l'Evangile, aux enseignements de la chaire ; et bien que je n'hésite pas à dire que j'accor- derais volontiers à tous les ministres de 1 Evangile le droit, comme citoyens, de voter, d'exprimer leurs opinions, de discuter, de persuader, et d'influencer s'ils le veulent, je suis (lavis qu'il est beaucoup plus probable que le pasteur d'un Troupeau divisé en mai i ères politiques conserve la confiance la plus entière de tous les membres de ce troupeau et remplisse ainsi efficacement ses importants devoir-, s'il s'absiicuL de s'immiscer activement dans les affaires politiques au sujet desquelles il y a et i! y aura entre eux une grande divergence d'opinions. Mais on a dit . tains quartiers-, que cette loi nuisait au libre exercice d'une S'il en est ainsi, ee serait en vérité une question grave. Mais s .; nous serions encore tenus suivant moi, de consesver le principe fondamental de la liberté de l'électeur. Personne, dont la croyance religieuse en ferait un esclave, ne serait apte à présider soit à ses destinées" ou à celles d'h tînmes libres. Esclave lui-même, il ne serait qu'un instrument bon à foire des autres des esclave. Un pareil principe religieux serait, en un mol, incompatible avec des institutions libres, parce qu'il ne permettrait pas à un particulier cette liberté d'opinion qui est leur base même et leur pierre angu- 30 laire. Mais nous ne sommes pas en présence de cette difficulté. Les déclarations publiques et réfléchies de haut dignitaires dans plus d'une province du Canada ont démontré que cette assertion n'est pas fondée, et ont reconnu à tout électeur le droit de voter suivant sa conscience ; et la récente déclaration — communiquée au public par l'intermédiaire de lord Denbigh — du chef de cette église, démontre que le Koyaume-Uni, où la loi concernant l'influemce indue est précisément la même que la nôtre, est peut-être le seul pays de l'Europe où ceux qui professent cette religion sont libres de la pratiquer. S'il en est ainsi dans le royaume-uni, il en est de même ici ; et il est faux qu'il y ait une croyance religieuse quel- conque dont le libre et plein exercice soit entravé par la conservation du grand principe dont j'ai parlé. J'espère, en conséquence, que l'on abandonnera les prétentions irréfléchies que l'on a fait valoir ; mais si l'on insistait, je déclare, que, pour ma part, quelles qu'en soient les conséquences, je m'en tiendrai au principe que j'ai posé, et que je lutterai pour conserver — autant que me le permettront mes faibles moyens — à chacun de mes concitoyens, quelle que soit sa croyance religieuse, toute la liberté civile dont il jouit actuellement en vertu des lois qui lui permettent ainsi qu'à moi, bien que nous puissions avoir des opinions religieuses opposées, de nous rencontrer ici sur la même estrade, et de différer d'opinion ou de tomber d'accord suivant nos convictions politiques et non suivant notre foi religieuse ou l'ordre d'autres hommes, laiques ou religieux." Enfin, M. l'Orateur, en septembre 1881 il y a au touchant les deux questions dont j'ai parlé, une autre communication dont je lirai à la chambre un très court extrait. C'est une communication du Préfet de la Sacré Congrégation le Cardinal Siméoni : " Il est venu à la connaissance de la Sacré Congrégation de la Propagande que dans votre province certains membres du clergé et du corps séculier continuent à s'ingérer trop dans les élections politiques, en se servant soit de la chaire, soit des journaux et autres publications. " " Il est également connu de la susdite Sacré Congrégation que certains suffragants de Votre Seigneurie cherchent actuellement à recourir au parlement pour faire modifier la loi des élections relativement à l'influence dite indue." " Or, pour ce qui concerne le premier point, je m'empresse de rappeler à Votre Seigneurie que déjà en l'année 1876, la Suprême Congrégation du Saint Office a émané l'instruction suivante : ' Suit l'instruction que j'ai déjà citée. La communication continue comme suit: " Conformément à cette instruction, Votre Seigneurie doit faire connaître sans retard à tous ses suffragants, au clergé et à tous ceux que cela concerne, que c'est l'intention du Saint-Père que les susdites prescriptions du Saint-Office soient rigoureusement observées." 11 Pour ce qui a rapport au second point, Votre Seigneurie devra notifier à chacun des suffragants, de la part de Sa Sainteté, que chacun des prélats indivi- duellement ait a s'abstenir d'agiter ou de faire agiter soit dans le Parlement, soit dans la Presse, la question de la modification de la loi concernant la dite influence indue. Que s'il arrivait une époque où les évêques réunis jugeassent tous ensemble que le temps opportum est, venu de faire la susdite demande, ils devront d'abord recourir à cette Sacrée Congrégation pour en recevoir les ins- tructions convenables." Et ceci, autant que je sache, a été, pour ce qui concerne l'opinion des plus hautes autorités de l'Eglise, le règlement final de cette contfeverse reprise après un intervalle de plusieurs années. Pendant cette controverse, le vingt de 31 Ido janvier 1876, f Archevêque de Toronto adressa à mon honorable ami le Idéputé de York Est (M. Mackenzie), une lettre publique qui peut convenable- |ment être lue en ce moment, vu qu'elle traite de cette question. La voici : Toronto, 20 Janvier 1876. Honorable A. Mackenzie Premier ministre du Canada. ci Honorable et cher Monsieur. — Je crois qu'il est opportun aujourd'hui de de vous informer, ainsi que votre gouvernement, qu'il est strictement défendu aux prêtres de notre Archidiocèse de faire de l'Autel ou de la chaire de leurs églises une tribune de harangues politiques pour ou contre un parti ou un candidat à une élection ; ou de menacer d'incapacités spirituelles ceux qui vote- ront en faveur de l'un ou l'autre parti. 11 II va sans dire que les prêtres peuvent instruire leurs ouailles de l'obligation qui leur incombe en conscience de voter pour le candidat qu'elles croient devoir le mieux favoriser les intérêts du pays ; de ne pas se laisser corompre ; et de se conduire en temps d'élection d'une manière loyale et paisible ; mais ils ne doivent pas dire au peuple, de l'autel, qu'il doit voter en faveur de tel candidat et rejeter tel autre. " Il serait très imprudent pour un prêtre, dont la Congrégation est composée de libéraux et de conservateurs, de devenir chaud partisan de l'un ou l'autre parti politique. Cela neutraliserait son influence pour le bien dans un trop grand nombre de cas, et un prêtre a besoin de tout ce qu'il possède pour favoriser les intérêts de sa congrégation." " Il est vrai qu'à son ordination un prêtre ne renonce pas à ses droits de citoyen ; il ne reçoit pas non plus le droit d'imposer à sa Congrégation ses propres opinions politiques. " l'Eglise Catholique ne demande de faveur spéciale à aucun parti. Son existen- ce est indépendante des deux partis. Elle demande seulement que l'on ne mette pas ses fidèles dans une contrainte injuste. Il est vrai que l'ancienne législation de l'Angleterre faisait de la religion Catholique un obstacle à l'existence poli- tique, et presque à l'existence sociale; et, bien que les tribunaux et les parle- ments agissent maintenant avec plus de sagesse, cependant une partie de la population protestante, et de temps à autre un homme d'Etat, en sa qualité indivi- duelle, depuis si longtemps nourris des traditions du passé, conservent un préjugé porfondément enraciné, et un soupçon difficile à détruire, c'est que la reli- gion catholique est un obstacle à l'avancement, et que la religion Catholique est ennemie des institutions libres et défavorable aux droits de l'Etat. Ceci est encore une reproduction de l'ancien cri payen : " Les chrétiens aux bêtes," ou de l'ancienne accusation des juifs : " Nous l'avons vu cet homme corrompre notre nation et défendre de payer le tribut à César. " " L'église eatholique ne demande que la liberté de faire le bien, et de ne pas être gênée par des lois injustes dans l'exercice de ses droits divins. Je puis faire remarquer ici que, lorsque dans un pays libre, des droits religieux et sacrés sont mêlés aux questions politiques, les catholiques sont obligés de les pour- suivre aux bureaux de vote et là de combattre pour leurs droits, comme dans le cas de l'éducation. Nous croyons que les parents ont le droit parfait d'instruire leurs enfants comme il leur plaît. Mettez un enfant dans la voie qu'il doit suivre, et lorsqu'il sera vieux il ne s'en écartera pas. Lorsque les catholiques du Bas-Canada accordèrent à la minorité protestante du Bas-Canada le droit d'avoir des écoles séparées, la minorité du Haut-Canada réclama le même droit, mais elle eut à combattre pour ce droit aux élections ; et les questions religieuses furent ainsi portées en dehors de leur sphère. Le catholique ne souffre pas que sa religion soit un obstacle au progrès de son pays. Lorsque ses 32 principes religieux sont saufs, le catholique, sous l'impression que le gouver- nement cle parti est un moindre mal, donne son appui à celui qu'il croit devoir s'acquitter de ses devoirs pour le plus grand bien du pays et le bonheur du peuple. Je suis, honorable monsieur, Votre très obéissant serviteur, JOHN JOSEPH LYNCH, Archevêque de Toronto. Comme je l'ai dit, il y a eu dans la province de Québec une controverse longup et acrimonieuse entre des personnes qui essayaient d'abuser du pouvoir de l'église de la manière dont j'ai parlé. Dans cette controverse longue et acrimo- nieuse, mes amis, les libéraux du Bas Canada, étaient le parti opprimé, le parti accablé, qui en souffrait, dans les divisions électorales; et bien qu'ils aient enfin obtenu justice de la manière dont j'ai parlé; il est inutile de déguiser le fait qu'un aussi long conflit, soutenu de cette manière, et avec ces armes, a eu un effet de faiblesse permanente. ATTITUDE DES ORANGISTES D'ONTARIO RELATIVEMENT AUX DIFFICULTÉS DE QUÉBEC. Mais je demande où étaient pendan; tout ce temps les chefs tories Orangistes d'Ontario. Je demande s'ils aidaient à la cause qui a ainsi été revendiquée à la fin. Je demande s'ils exprimaient et s'ils manifestaient activempnt leur sympathie pour ceux qui luttaient pour les droits qui leur ont enfin été accordés. Il n'en a pas été ainsi ; je ne sache pas qu'il en ait été ainsi. Il est vrai que plusieurs des protestants de Québec vinrent au secours des libéraux de Qaébec dans cette lutte, mais les chefs tories orangistes d'Ontario furent inébranlab es dans leur appui et leur concours aux députés mêmes qui faisaient cette lutte aux libéraux de Québec. Pourquoi? Parce qu'ils étaient unis à ces députés par les liens politiques; parce qu'ils se réjouissaient de leurs succès aux bureaux de vote, bien que ces succès fussent obtenus contre ceux avec qui ils prétendaient sympathiser. Ils retinrent le pouvoir au moyen de cette alliance; et en conséquence ils firent infidèles aux principes qu'ils profes- saient, et pour l'avancement desquels ils disent maintenant qu'ils désirent être constitues légalement. J'ai déclaré mon opinion à ce sujet, et je n'ai rien à retirer de ce que j'ai dit J'ai montré quelle serait mon att tude dans le cas où il s'élèverait un conflit dans lequel une église quelconque, Catholique, Romame, Episcopalieune ou Presbytérien ue, ou autre essaierait d'empiéter sur ce que je crois et e le domaine légitime de l'Etat. Je cro s que si vous donnez à une egl -e quelconque un pouvo r et un contrôle absolus sur la foi et les mœurs, et que vous lui donniez aussi le pouvoir absolu et ilimité de déter- miner ce que comprennent la foi et Les mœurs, vojs accordez nécessairement à cette église un pouvoir tout à fait absolu ; et en conséquence, il e^t absolument nécessaire, je crois, que nous songions qu'ii peut nous arriver d'être a ope es à examiner quels sont le^ dogm s de leg isa sur c e po nt particulier. J'ai démonté que la lutte s' -t faîteau sein ue 'égl e Cathol q ie Romaine ; que ces droits sur lesques les libéraux du Bas Canada msisaient onl été reven- diqués, et que ies électeurs ont droit de vo e coma e d > hom i;es libres. Mais si une pareille lutte recommençait, ce q .'à Dieu ne plaise, po irais je, a en juger par le passé, espérer de" l'aide et le pani 1 Deral po rr .: il en espérer des chefs tories Orangistes d'Ontario? Non; pa ce que nous n'en avons pas eu dans le passé; et, quelles qu'aient été les opinions de ces chef-, ils 1 s oit subordonnées à la politique de parti, ce qui les a portes à se réjou r des tri- omphes de ceux qui perpétuaient des principes directement opposés aux leurs. 33 PRÉTENTIONS DES ORANGI TES A UNE LOYAUTÉ SUPÉRIEURE. b*autres raisons m ont porté à rro:re que c* tte société n'est pas une société de ueufaisance dans Oniano. Ses chefs réclament le monopole, non seulement n vrai protestan'isme, mas aussi de la loyauté. L'honorab'e député de lastii g< Et (M.White), a dit, à Winnipeg: • Une de mes raisons, c'est qu'avec trois autres, je me suis opposé aux résolv- ions Costigan qui constituaient une insulte directe à la mère-patrie, et à tous les itoyens loyaux du pays, à l'exception des chefs des deux partis et des députés ,ui" sollicitaient le vote Catholique, et pas un membre de l'association des 'Orangistes n'a dit : c'est bien. " ! Grand M ire B nn-tt a dit : 44 Voue savez sans doute qu'une alliance des plus singulières a été formée pendant la dernière session pour faire rejeter le bill. Nous avons eu le spectacle •'tonnant d'une allience faite entre le libéralisme protestant et l'ultramontanisme pour le taire rejeter: le libéralisme à cause de ia loyauté des Orangistes, et l'ul- Lramontanisme à cause du protestantisme avancé de l'ordre des Orangistes. " Vous \oy z, M. l'Orateur, que Ion a pose comme une règle généra e, que les Orargist/ s sont si loyaux et que 1 urs loyauté est tellement offensante pour .utres, qu'il faut, écraser les catholiques par la force. J ■ soutiens que c'est là une allégation blessante, et qu'une soeiélé secrète qui se livre à la propaga- tion de pareilles opinions, relativement à la loyauté des autres, ne mérite pas de faveur, m ne mente d'être reconnue par l'Etat. ATTAQUES DES ORANGISTES CONTRE LA LOYAUTÉ DES CATHOLIQUES ROMAINS. Il y a une autre raison. Ces ch fs Orangistes d'Ontario prétendent que leur but est. de travailler à l'avancement du protestantisme; et ils prétendent y réussir au moyen d'assertions, au sujet de l'Eglise Ca holiqu Romaine, que j ■ ae crois pas fondées. Ici eneor \ jn n'ai pas l'intention de discuter des ass Ttions < n fait de dogmes. Je n'ai pas l'intention de discuter des assertions au sujet d • religion, savoir si Certain*- s opinions sou bonnes ou mauvaises, car nous n'avons rien à y voir. Mais iiou- avons à nous occuper de leurs opinions relativement aux dogmes de c* tte Eglise, vu qu'elles toich nt à la condition politique et à l'ordre social du piy-. C s choses sont pour nous d'un grand intérêt; et il est bon que nous sachions c.1 que les ch fs de l'assoç ation Qraugis-te d'Ontario avancent an nom du Piot stautisme, ou dans le b it de te favoriser. Ou lit ce nui suit d uis la Sentinel do 21 Décembre 1882, sous le titre u Obéis sanc - à Rome seulement " : ■ «*- 44 Nous avons toujours soutenu que l'église de .Rome enseigne à ses adhérents d'être déloyaux à tous les Etats dans lesquels elle existe, de ne reconnaître l'autorité d'aucun gouvernement temporel, et de n'obéir qu'à la papauté." te 2G avili l«8.i, le m une journal d.sa t : " 11 est à peine nécessaire de dire que tous les membres fidèles de l'église doivent se soumettre au pape, le chef infaillible de l'église, sans contester l'obéissance dans les mœurs, la foi ou la croyance dogmatique, ainsi que dans la conduite et les affaires civiles." Aucun membre de l'église ne peut contester au chef de celle-ci le droit de décider infailliblement et dogmatiquement toutes les questions concernant les pouvoirs temporels des gouvernements, pas plus qu'il ne peut lui contester ce droit relativement aux questions concernant la foi et la croyance comprises dans ses enseignements. # * * * * * * * $ Les populations de l'Amérique sont régies par des constitutions qui leur 34 laissent le pouvoir de déterminer le caractère et la forme de leurs gouvor nements. " En conséquence, ces constitutions sont ennemies de l'église de Rome, dan* l'opinion de celle-ci, et ne sont tolérées que parce que l'on ne peut les détruire. Comme elle est en guerre avec toute forme de gouvernement qu'elle n'a pa* prescrite, son devoir serait de détruire ces constitutions, si elle le pouvait ; bien plus, d'après ses enseignements, elle serait coupable si ayant le pouvoir de le;* détruire elle ne le ferait pas. " N'est-ce pas une humiliation que dans un pays comme celui-ci, on ait refusé a une association loyale les mêmes privilèges que l'on accorde chaque jour a ceux qui proclament que les prérogatives d'un évêque, Prince étranger, sont supérieures à celles de Sa Majesté et de son gouvernement — privilèges que l'on accorde chaque jour à ceux qui obéissent en matière civil*» premièrement au pape, et ensuite à ceux à qui ce dernier peut leur enjoindre d'obéir, quand même cela amènerait l'annéantissement des dignités et prérogatives de la couronne impériale qui sont maintenant exercées dans une grande mesure par les ministres responsables au gouvernement, choisis par le peuple." Le Sentinel du 8 novembre 1883 publiait encore ce qui suit: " Il est nécessaire de rappeler constament au public Orangiste et protestant que Rome est encore fidèle à sa divise, Senxper eadem." 11 Elle est aujourd'hui ce qu'elle était il y a cent ans, arrêtant des plans, for- mant des projets et faisant des complots pour détruire les libertés les plus chère* •t les institutions les plus libres de tous les Etats de la Chrétienté." Voilà les déclarations que Ton a répétées à maintes reprises au sujet de l'atti- tude de l'Eglise de Rome en matières politiques ; et l'on demande à tous les vrais protestants de prendre une position hostile aux membres de cette Eglise sous prétexte, par dessus tout, que ces derniers ne doivent*pas obéissance civile à la reine de ce pays et à la constitution du Canada; deuxièmement, qu'il doivent obéissance à un pouvoir étranger; et troisièmement que ce pouvoir est hostile aux institutions libres, et que ces efforts tendent à les bouleverser autant que possible. Voilà quelle est aujourd'hui l'attitude à l'égard de l'Eglise de Rome et de se* adhérents. Encore, pas plus tard que le dix-neuf dp février 1884, à une réunion de la Grande Loge d'Ontario-Ouest, le Grand Maître --pendant que ce pari ment, était en session, pendant que ce bill était sur l'Ordre du jour — parlant de la malh :u affaire de Terreneuve, dit : " Frères, c'est la vieille histoire. Elle a été répétée mille fois en Irlande. Elle a été répétée à Fort Garry, à Montréal et à Terreneuve, et elle noua démontre clair comme le jour, que lorsque le Romanisme a l'ascendant, lei protestants n'ont aucun droits et ne sont que tolérés, et que les enseignement» àe Rome sont aujourd'hui les mêmes qu'ils étaient en '98— que manquer de parole aux hérétiques n'est pas un péché, et que tuer n'est pas un meurtre." Dans le même discours, M. l'Orateur, il cite, en les approuvant, es paroi * d'un journal hebdomadaire. " Il (l'ordre Orangiste en Irlande) agit strictement pour sa propre défense, car tous ceux qui ont lu l'histoire d'Irlande ou qui écoutent les harangues féniennes, doivent savoir que du moment que le pouvoir passerait entre les mains des catholiques irlandais, aucun homme d'origin» anglaise ou appartenant à la religion protestante, ne pourrait être en sûreté sur le sol d'Irlande." Commentant cet exposé, il dit : rt Cet exposé, venant d'un homme qui, en plus d'une occasion, a parlé de notre ordre en termes tellement sympathiques, démontre que les protestants de ce pays qui réfléchissent, comprennent îa nécessité qu'il y a d'avoir une société secrète protestante pour neutraliser l'influence de la grande société secrète des catholiques romains.'1 r*5 1FVRT I>E CES ÉNONCÉS, s'iLS SONT PONDE». Or, ce sont là des énoncés dont il nous faut nous occuper aujourd'hui. Si oe$ >pinions sont justes, si ces énoncés sont exacts, en ce qui concerne les principes le cette église, alors clic n'entretient pas simplement des opinions erronées en 'matière de dogme. L'honorable député d'Hochelaga (M. Desjardins) et moi ne nous accordons pas sur les questions religieuses et malheureusement nous ne nous accordons pas non plus sur les questions politiques; mais le fait que noue différons d'opinions en religion, n'établit pas la ligne «le démarcation qui non? sépare sur les questions politiques. .Nos divergences d'opinions en religion sont des questions entre nous et notre conscience, entre nous et notre Dieu, H u i doivent être réglées par chacun de nous, individuellement. Mais ces autre? opinions, que je viens de citer, sont d'une nature tout à fait différente; ellee vont beaucoup plus loin que les divergences d'opinions religieuses. Nous avon.v des idées hostiles au Trône, hostiles aux libres institutions, hostiles à notre onstitution, hostiles à l'ordre sociale et à la sécurité ; des idées qui tendent à détruire tout ce que, comme peuple, nous avons de plus cher au Canada, et je ne mets pas les catholiques au dessous des protestants. Si vous ne prouve/, que. dans les affaires civiles, ceux qui adhèrent à l'église catholique romaine n* doivent pas l'allégeance à la Couronne ni à la constitution, mais la doivent à un pouvoir étranger, je prétends alors qu'ils ne sont pas de véritables sujets de la ï'eine, que ce sont des étrangers dans notre pays. S'il en est ainsi, je prétend" que vous ne pouvez pu» vous y fier, et je conviens, avec ces hommes qui. quel- quefois, comme on l'a répété ce soir, disent des choses désagréables jusqu'à c«? qu'ils " accordent l'absolution avant les élections," je conviens avec eux, dis-je. que si ce sont les principes de cette église, je puis comprendre parfaitement leur hostilité, au point de vue politique, à la religion catholique romaine. S'il* Croient que cette église est hostile à notre constitution et désire le renversement de nos libres institutions, je puis comprendre que leur hostilité aille bien plus loin que les divergences d'opinions relativement aux dogmes religieux; je pui* comprendre que l'on ne doit faire aucune alliance avec ceux qui appartiennent a cette institution. Encore une fois, si c'est leur opinion et si tel est le cas que les catholiques romains croient qu'il ne faut pas être loyal envers un hérétique. que le fait de tuer un hérétique n'est pas un meurtre, alors l'ordre social et ta sécurité publique sont en péril et il nous est impossible d'être en paix si ce yoïii là leurs doctrines. Tous ceux qui croient sincèrement que ce sont là les véri- tables opinions de l'église catholique romaine et de ses adeptes, ne pourraient pas, s'ils aiment notre constitution et nos institutions, pactiser avec eux em politique. Jl est impossible, M. l'Orateur, qu'une croyance sincère à des doc- trines analogues à celles que pratiquent réellement cet ordre, soit, compatible avec une alliance politique de la part de ceux qui croient ainsi, avec des catho- liques romains. M. WH1TE. (Hasting). Croyez-vous ce que croient les libéraux du Bas Canada ? M. BLAKK--A l'ordre ! D'un autre coté, tous ceux qui aiment les institutions libres devraient combattre le mal qui pourrait être fait à nos institutions Jet le danger auquel elles pourraient être exposées, si c'étaient là réellement les doctrines soutenues par une si grande partie des habitants do ce pays, Lu question, alors, devient sérieuse. On dit aujourd'hui, on nous a dit pendant lr»^ quelques mois qui viennent do s'écouler et l'honorable monsieur même à l'Iieu-v qu'il est, penche la tête en signe d'assentiment — que c'est là le sentiment qu.ru«w Orangiste nourrit à l'égard de ses concitoyens catholiques romains. ÉNONCÉS NON FONDAS. Mais ces énoncés sont-ils fondés? Je ne les crois pas fondés, M. l'orateur. Je •rois que l'Eglise de Rome enseigne plusieurs doctrines et plusieurs dogrwe* entachés des plus graves erreurs : je suis tout a fait opposé à ces choses. M. WiilTE (Hastings.) 'Vous croyez trop de choses ; voilà où est l'embarras. M* BLÀKJB: C'est vrai, je crois peut-être trop de choses. Je ne dirai pas nue l'honorabie membre croit tout ce qu'il dit ; j'espère qu'il le croit. Je me suis efforcé selon mes faibles moyens, et mes humbles capacités, de favoriser, le mieux que i'ai pu le faire, la diffusion de ces principes de la religion protestante, de ces doctrines de l'Evangile et de la Bible que je professe. Je fais ce que je nuis dans ce sens et je l'ai fait pendant des années; ce n'est pas beaucoup, mais 'ai fait ce que j'ai pu. Je crois qu'un agent très-puissant pour accomplir cette tin serait une plus grande union parmi les dénominations protestantes; et j'ai toujours désiré voir s'accomplir une semblable union pour le plus grand progrès de l'Evangile d'après les idées que nous professons. Je vois— et je m'en reîoui»— qu^îl existe une tendence à celte union, dans l'organisation de ces sociétés où se mêlent les ministres et les fidèles de diverses dénominations, où ils oublient leurs divergences d'opinions et apprennent à connaître ce qu'il y a de mieux dans leurs doctrines; c est là aussi qu'ils voient sur qu'elles idées ils s'accordent Je me réjouis de l'existanee des alliances evangehques, des Young Weri s Christian Association et des associations de ministres, telles que celles qui existe dans la ville que j'hubite— j'ai travaillé de concert avec des Orangistes dans le Svnodede mon église et ailleurs ; ils ont sympathisé avec moi et j ai sympa- thisé avec eur. je ne m'accupais pas de nos divergences d'opinions en politique, ils n'ont iamais rendu nos serrements de mains moins affectueux m moins dévouée notre coopération à l'œuvre de notre Eglise, et je regrette que certains hono- rables membres de la droite saisissent une occasion de ce genre pour fomenter la division mèjne parmi ceux qui appartiennent à la même église, en proférant et en faisant circuler ces eolomnies contre moi et en disant que j'ai abandonne mes principes protestants parce qu'il m est impossible, en conscience, d'appuyer un bill pour la constitution en corporation d'une société qui propage des opinions comme celles que j'ai citées. Je sais que l on se méprendra et que 1 on s'est mépris sur le sens de mes paroles et que. dans ma province et ailleurs, des hommes seront induits en erreur au sujet de ce que j ai dit ce soir. Je ne puis rien y faire- j ai senti que c était pour moi un devoir de parler ainsi : j ai du le faire Je sais que des gens seront induits en erreur par des politiques artificieux qui revêtent la livrée de la religion et celle de la charité pour favoriser leur parti. Si nous pouvions oublier nos divergences d'opinions et consentir a agir de concert dans toutes les œuvres de charité, indépendamment de nos croyances— comme, J)ieu merci, nous pouvons nous accorder quand il s ici t de certaines œuvres de charité, bien que nous ne nous accordions pas en religion - ce serait un résultat des plus heureux. Mais aujourd'hui, que faites- vous ? Vous encouragez ces calomnies au détriment d'une autre église; vous venez déclarer— faussement, comme je le crois— que les doctrines de cette église, a laquelle vous n appartenez pas, sont détestables sous ces rapports et que tout vrai protestant doit prendre la même position. Je crois qu avant longtemps, vous aurez à vous repentir de la ligne de conduite que vous adoptez la. Or ie désire une certaine influence protestante pour la diffusion des idées que ie crois vraies; mais je désire qu'il n'y ait pas d'influence protestante comme ielle à laquelle font allusion les chefs du parti Orang;ste-to.y, lorsqu'ils parlent de cette influence protestante qui existait autrefois en Irlande et qu'ils regrettent tant Je ne désire pas cette espèce d'influence protestante, et, dans mon désir de favoriser ma croyance, je n'encourage pas l'emploi d'armes comme celles lont se servent l'honorable membre et d'autres chefs orangistes. Je crois que mes concitoyens catholiques sont fidèles et loyaux à la Couronne et aux libres institutions de ce pays. Je crois qu'ils ne pensent pas que le fait de manquer de loyauté envers un hérétique ne constitue pas un pèche et que le fait de le tuer ne constitue pas un meurtre, je n'ai pas oublié la protestation faite contre de emblables eolomnies par les prélats irlandais, le 25 janvier 1826, dans un I 37 document contenant plusieurs énoncés de foi et de doctrine, sur lesquels les n-otestants et les catholiques romains sont diamétralement opposés. Mais il mfermo deux énoncés qui concerne notre système social et politique et noa ations comme citoyens d'un pays commun, voici : Les Irlandais catholiques jurent que les catholiques d'Irlande ne croient pas que le pape de Rome, ou tout autre prince étranger, prélat, gouvernement ou souverain ait ou doive avoir quelque juridiction, pouvoir, supériorité, ou prééminence temporelle ou civile, directement ou indirectement, dans ce royaume ; et cela, sans aucune restriction mentale ou dispense Les prélats continuent : " Après cette déclaration complote, explicite et attestée, nous ne pouvons pas du tout concevoir pour quelle raison l'on pourrait se baser pour nous accuser de ne pas nous montrer entièrement soumis à notre très gracieuse Souveraine. Et relativement à l'autre accusation insultante, ils disent ceci : '• Les catholiques d'Irlande, non seulement ne croient pas, mais déclarent sous serment qu'ils repouseent comme non chrétienne et impie la croyance qu'il est permis par la loi de tuer ou de détruire une personne ou des personnes quelconques, sous le prétexte qu'elles sont hérétiques; et, aussi, le principe que l'on ne doit pas être loyal envers des hérétiques." Dans ces documents, vous trouvez des déclarations claires qui contredisent les allégations qui n'auraient pas dû être faites et que, pourtant, il n'aurait pas été nécessaire de contredire ; et cependant, M. l'Orateur, nous avons vu il n'y a pas dix ans, il n'3- a pas cinq ans, il n'y a pas un an, mais pendant les quelques jours qui viennent de s écouler, nous avons vu, dis je, répéter la plus blessante de ces allégations, lesquelles, si elles étaient fondées, indiqueraient un état de choses subversif des libres institutions de notre pays. Or, je ne suis pas disposé à considérer comme meurtriers, traîtres et déloyaux près de la moitié de mes concitoyens. Je ne crois pas que la cause du protestantisme, de la vraie religion ; je ne crois pas que la diffusion de l'Evangile, la paix et la prospérité, le bien être et le bon gouvernement de cette confédération serait favorisés si 1 Etat reconnaissait cette société secrète, organisée et dirigée telle quelle est dans Ontario et qui se dévoue à la propagation d opinions du gc\)v^. de celles que j ai fait connaître. FAUX RAPPORTS PRÉDITS. La division des partis à propos de ce bill, ne me fait attacher aucune significa- tion politique à la question. Je l'ai envisagée sous un tout autre aspect ; je désirais qu'il nous fût donné de comprendre les mérites réel de ladiscusion et, en faisant connaître mes opinions, je me suis efforcé de les étayer, non au moyen d'autorités surannées, mais au moyen de documents récents et authentiques. Mais j'ai peut-être tort. J'ose dire que, plus que jamais, les chefs Orangistes- torys vont dénaturer ce que j'ai dit, et quant aux chefs catholiques romains, eux aussi lorsqu'aura cessé la division temporaire qui existe aujourd'hui entre eux et leurs allies Orangistes et qu'ils s'allieront de nouveau, me regarderont avec le plus grand dédain, car j'ai dû montrer ou combien cette division est feinte ou combien fausse et peu naturelle est leur alliance. DÉFINITION DE LA VRAIE POLITIQUE. Mais j'ai cette satisfaction, que j'ai dit simplement la vérité, comme je le crois, fit je serai amplement récompensé, si j'ai réussi à expliguer, mes opinions aux (hommes modérés des deux partis et si j ai réussi a montrer la véritable voie du I devoir dans une société de races et de croyance diverses comme la nôtre, où il nous devons combiner l'énergie dans la revendication de nos droits, avec la plénitude dans la reconnaissance des droits civiles ; nous devons pratiquer la mo- dération et la tolérance; nous devons éviter les rapports, la calomnie et les abus; nous devons tenir à la reconnaissance entière des droits de chaque individu ; en matière religieuse et dans les affaires civiles, nous voulons fair/j du Canada un pays grand et libre, habité par un peuple heureux et unis. ^